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- bohleremmanuel
- 30 nov. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Jn 15, 9-17) du 6ème dimanche de Pâques (année liturgique B), célébré cette année le dimanche 10 mai 2015.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 07 mai 2015.

Telle pourrait-être la logique évangélique de ce passage, où Jésus nous donne un exemple pour nous apprendre à aimer en devenant nous-même des passeurs.
Jésus a une manière bien originale et dynamique de parler d’amour. Alors que souvent nous en restons au stade de la séduction démonstrative, Jésus nous aide à considérer l’amour comme une dynamique de passage, où l’on reçoit pour donner.
A sa manière cet évangile nous aiderait à comprendre entre autres, la dynamique de l’échange des consentements dans la cadre de la liturgie du mariage.
Suivons la dynamique progressive de cet évangile…
Tout d’abord Jésus nous partage son expérience personnelle. Il se sait aimé de son Père en premier, et il reçoit de lui un amour divin qu’il ne garde pas jalousement, mais au contraire le partage avec ses disciples. Jésus reçoit l’amour de son Père au cœur du mystère de la Trinité, et en venant parmi nous pour nous donner cet amour, il nous fait entrer dans la ronde du Père, du Fils, et l’Esprit. Jésus est non seulement la Porte, mais il est un authentique passeur de l’amour divin ! Finalement on ne peut se donner par amour à l’autre que dans la mesure où nous avons d’abord reçu son amour. Comme pour l’échange des consentements, on se reçoit d’abord mutuellement et on se donne. L’alliance est scellée dans la réception, et le don de notre amour n’en est que la réponse.
Ensuite, si Jésus reçoit l’amour de son Père, cette réception n’en demeure pas moins originale. La réception de l’amour divin devient recherche et écoute. Recherche de la Volonté du Père, et écoute de sa Parole. Voilà ce qui fonde la fidélité entre le Père et le Fils. Elle devient dynamique d’écoute et de compréhension de l’autre. On demeure et l’on tient dans la fidélité, dans la mesure où l’on écoute et l’on recherche.
Enfin Jésus nous donne son exemple mais pas n’importe lequel : c’est le mystère de la Croix dont la portée ne concerne pas uniquement le lien entre Jésus et ses disciples. Jésus a d’abord reçu un amour unique de son Père, mais en échange il a voulu nous donner cet amour en se donnant lui-même jusqu’au bout. Par le don de sa vie sur la Croix, Jésus non seulement nous aime jusqu’au bout, mais ce signe devient en même temps « réponse » à l’amour reçu de son Père. En nous aimant jusqu’au bout, Jésus nous fait vraiment participer et entrer dans cet amour divin, intime et inexprimable, entre lui et son Père.
Ainsi, lors de l’échange des consentements au moment du sacrement du mariage, cet instant où les époux se donnent mutuellement devient un signe, une « épiphanie ». C’est-à-dire une manifestation visible d’une réalité invisible : celle de l’échange amoureux entre le Père et le Fils dans la communion de l’Esprit. Ainsi, de manière tout à fait imparfaite à cause de nos limites, l’amour humain reçu, échangé et donné devient une Icône de la Trinité.
Mais cette Icône n’est pas faite pour être mise sous un voile, comme pour protéger de la lumière et de la poussière, un souvenir que l’on voudrait éternel, échappant à l’usure du temps et de l’histoire.
Jésus rappelle au contraire toute la dynamique missionnaire.
La vocation d’un couple qui a échangé ses consentements n’est pas faite pour se replier sur elle-même. Au contraire c’est saisir que l’on a été choisi et appelé, pour témoigner aujourd’hui la joie de l’évangile.
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