Mais quelle histoire!
- bohleremmanuel
- 30 nov. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mc 14, 12-16.22-26) pour la solennité du Très-Saint-Sacrement (année liturgique B), célébré cette année le dimanche 07 juin 2015.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 05 juin 2015.

Evoquer la fête du Saint-Sacrement, couramment appelée « fête Dieu », c’est entrer dans une histoire aussi riche que complexe, manifestant de manière éloquente l’attachement viscéral des chrétiens envers ce qu’ils ont reçu de plus précieux de la part de Jésus-Christ : un Testament de Présence et d’Amour.
Un culte en l’honneur du Saint Sacrement existait dans certaines régions mais sans être généralisé.
Le plus important était dans le diocèse de Liège où sainte Julienne de Cornillon permis son expansion. Un office liégeois Animarum cibus fut composé sous sa direction, par un moine cistercien du Mont-Cornillon, vers 1240.
Vers 1237, le futur Urbain IV étant archidiacre de Liège, avait eu connaissance de sainte Julienne et de la composition de l’office nouveau qui grâce à elle, fut diffusé à la suite du Synode de Liège en 1246.
Or, en 1262 à Bolsena (à mi-chemin entre Sienne et Rome), on raconte qu’un prêtre célébrant la Messe, doute de la présence réelle. Le sang jaillit de l’hostie consacrée et laisse des traces sur le corporal. Le Pape Urbain IV fit apporter ce linge à Orvieto, ville voisine où il résidait.
Il décréta en 1264 par la bulle Transiturus, que la fête du Corpus Christi, déjà célébrée çà et là, serait étendue à l’Eglise universelle.
Pour la première fois dans l’histoire de la liturgie un pape prescrit la célébration d’une fête en y imposant tous les textes. Avec la bulle se trouve l’office Sacerdos et la messe Cibavit composés par saint Thomas d’Aquin qui était de passage à l’Université de Rome.
Ces textes associent de manière inégalée justesse théologique et saveur poétique. Ils sont utilisés encore aujourd’hui pour confirmer la foi des fidèles en cette Présence inouïe du Seigneur sous le pain et le vin consacrés.
On peut se demander pourquoi consacrer deux fêtes envers le Saint-Sacrement ? Puisque l’on fait mémoire de l’institution de la Sainte Cène durant la Semaine Sainte, pourquoi faire cette redondance ? Comment se fait–il que la réforme liturgique ait conservé cet ajout tardif du Moyen-Âge ?
Saint Thomas d’Aquin en donna lui-même la raison. Il dit :
« Nous célébrions spécialement son institution en ce temps, qui est celui où le Saint Esprit a appris aux coeurs des disciples à connaître pleinement les mystères de ce même sacrement. C’est en effet en ce temps que les fidèles commencèrent à fréquenter ce sacrement. On lit en effet dans les Actes des Apôtres que les fidèles étaient attachés à la doctrine des apôtres, à la pratique de la fraction du pain et à la prière, aussitôt après l’envoi en mission par le Saint Esprit. »
C’est au sein de cette lecture continue et méditée des Actes de Apôtres, dont nous ne mesurons pas encore l’influence considérable au Moyen-Âge, que cette fête du Saint-Sacrement trouve sa place après la Pentecôte. La vie liturgique essaye de vivre au rythme de l’Eglise primitive racontée par saint Luc. Cette fête manifeste finalement cette prise de conscience progressive de l’Eglise vis-à-vis de ce qu’elle a reçu au cours de la Semaine Sainte. Il suffit de penser au récit de lavement des pieds pour comprendre que les apôtres n’ont pas encore compris ce qui se passait en cette nuit très sainte. Il leur fallait un don pour comprendre !
C’est Grâce au don de l’Esprit Saint qu’ils entrent dans la Vérité de cette Présence cachée du Seigneur.
Alors poussez par l’Esprit, à nous de méditer et de mieux savourer le récit de la Cène selon saint Marc, pour chanter sans fin : Il est grand le mystère de la foi!
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