Ils ont des yeux et ne voient pas!
- bohleremmanuel
- 30 nov. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Jn 6, 24-35) pour le 18ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique B), célébré cette année le dimanche 02 août 2015.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 31 juillet 2015.

« Je suis le pain vivant descendu du Ciel » (Jn 6, 51)
Telle pourrait-être la constatation que nous pourrions faire face aux diverses réactions des disciples, allant même jusqu’à se demander s’ils ont des oreilles !
De l’autre côté du lac, la remarque directe de Jésus est sans équivoque : ils n’ont pas vu ce que se passait lors de la multiplication des pains sur l’autre rive! Il ne semble pas dupe d’une forme d’hypocrisie concernant leur flatterie: grâce au miracle ils peuvent s’assurer des lendemains sans souci pour leur ventre !
Comment ne pas penser à cette sentence encore plus lapidaire de saint Paul : « Ils ont pour Dieu leur ventre » (Ph 3,19) ?
En demandant ouvertement une preuve pour voir l’Envoyé de Dieu et pour croire en la parole de Jésus, les disciples confirment bien qu’ils n’ont rien vu et rien entendu de ce qui était en jeu au moment du miracle.
Ainsi, au sens propre comme au sens figuré, ils ont bien besoin d’un déplacement, d’un pèlerinage pour comprendre et aller sur l’autre rive du mystère. Nous pouvons être comme eux, aveugles et sourds, face au mystère eucharistique.
La répétition propre à la démarche rituelle pourrait nous donner l’illusion de connaitre par cœur le mystère. Il est nécessaire d’aller sur l’autre rive, pour saisir la beauté de ce qui se cache derrière les rites antiques et vénérables que l’Eglise met en œuvre à chaque Eucharistie…
Malgré leur aveuglement et leur surdité, Jésus révèle ce qu’ils n’ont pas vu ni même entendu !
D’une part que la multiplication des pains était le « signe » qui leur révèle cette nourriture donnée par le Fils de l’Homme, de la part du Père par la consécration dans l’Esprit Saint. La multiplication des pains était en fait l’Epiphanie du mystère trinitaire, révélant qu’au-delà du signe du pain terrestre, c’est le Pain Céleste qui leur a été donné. Quel admirable échange !
Voyons-nous avec les yeux de la foi, l’Epiphanie de la Trinité à chaque messe célébrée?
D’autre part ils n’ont pas vu que Jésus de Nazareth était non seulement le « Fils de Dieu», mais en plus le « Fils de l’Homme », c’est-à-dire le Messie envoyé par Dieu. Ils semblent ne même plus reconnaitre Jésus en tant qu’homme ! La multiplication des pains devient le lieu épiphanique où Jésus révèle sa véritable identité : il est le Messie et le Fils de Dieu. Sur cette question, le drame de la Passion se jouera au moment de son procès devant le grand-prêtre et devant Pilate. A travers le don du Pain, c’est Jésus qui se donne à voir.
Avons-nous les yeux de la foi pour le reconnaitre, à chaque fois que nous venons en procession pour communier?
La parole rituelle « Le Corps du Christ », nous invite à ouvrir nos yeux pour reconnaitre sous le signe du pain, Jésus-Christ vraiment ressuscité et mystérieusement présent. Le pain de l’Eucharistie devient comme un miroir où se reflète le vrai visage du Ressuscité, dans l’attente de le voir un jour face à face.
Enfin en prenant appui sur le récit du don de la Manne (Ex 16,2), les disciples montrent qu’ils n’ont pas entendu l’actualisation de cet épisode de l’Ancienne Alliance dans le miracle que Jésus a accompli sous leurs yeux. A travers le signe de la multiplication des pains, c’est l’actualisation de toutes les prophéties de l’Ancien Testament.
Qui, en entendant chaque parcelles de l’Ancien Testament pourrait les retrouver rassembler pour ne former qu’un seul pain, celui de l’Eucharistie, montré au regard des croyants et rompu pour la vie du monde ?
Alors l’Eglise a raison de chanter inlassablement : Il est grand le mystère de la foi !
Comentarios