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Projection! Vous avez dit projection?


Commentaire d’évangile (Jn 18, 33b-37) pour la solennité du Christ-Roi de l'Univers (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 22 novembre 2015.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 20 novembre 2015.





Sans doute Pilate et les grands prêtres se font un film sur l’identité de Jésus, où la haine et la violence qu’ils portent les aveuglent, projetant sur la personne du Christ une image synthétique, construction en trois dimensions de leurs fantasmes.


Ce dialogue entre Jésus et Pilate est surréaliste, tant la question fondamentale n’est plus qu’est-ce que la vérité mais qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est « réel » ?


D’un côté Pilate qui se fait l’écho de l’opinion de la foule et des grands prêtres : Jésus est un roi.

De l’autre côté Jésus, qui se garde bien de s’identifier directement au mot « roi », préfère le terme de « royauté ».

D’un côté les grands prêtres et la foule, qui par la voix de Pilate projettent sur Jésus une image irréelle de son identité : il serait un roi humain.

De l’autre côté Jésus, qui subtilement éteint un à un les projecteurs, pour ne laisser que sa véritable identité à nu : il est le Royaume de Dieu au milieu de nous (Lc 17,21).

Dans cette scène, Jésus est déjà nu !

Par avance il se dépouille lui-même, en révélant qu’au-delà de son humanité, c’est déjà le Royaume de Dieu qui se manifeste.

Le mystère de foi invisible devient une vérité révélée et visible. En se dépouillant déjà, Jésus ne fait que dépouiller ses détracteurs des vêtements illusoires qu’ils veulent lui faire porter.

Il anticipe la célèbre formule de Pilate : « Voici l’homme » (Jn 19,5)! « Ecce homo » !


La tragédie de la crucifixion qui suivra, où le Christ sera dépouillé de ses vêtements, devient l’image accomplie d’une Epiphanie où s’ouvrira la Porte du Royaume.

Jésus le bon Berger (Jn 10,11), dans son humanité crucifiée se manifeste comme la Porte (Jn 10,7) qui déjà nous donne de voir le Royaume de Dieu et sa lumière : véritable pâturage divin (Jn 10,9).

Cependant cette réalité du mystère de la foi est bien irréelle pour beaucoup de nos contemporains.

Déjà saint Paul le disait lorsqu’il criait : « Nous prêchons un Messie Crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens » (1 Co 1, 23-24). Mais l’apôtre des Gentils que nous sommes toujours en latence, nous redit que ce mystère est « Puissance de Dieu ».


Alors aujourd’hui nous pourrions crier : où se manifeste cette Puissance de Dieu, tant ce dialogue évangélique se perpétue ?

Aujourd’hui encore, combien de folies collectives sont engendrées par cet élan destructeur, où le destin des insensés (Ps 48, 14) constituant petit à petit un véritable «troupeau parqué pour les enfers » (Ps 48,15), où cette concentration de haine et de violence est entretenue, où la mort vient paître les innocents (Ps 48,15) en projetant sur eux une image irréelle devenant réalité, pour justifier le crime à perpétrer et se revêtir ensuite d’un manteau de bonne conscience !

Quel aveuglement digne des pharisiens hypocrites!

Voici l’humanité ? Où dans ce massacre, tant d’innocents sont dépouillés et crucifiés ?

Pourtant dans ce spectacle médiatique, véritable décadence de la nature humanité, Jésus y révèle la grandeur de sa destinée. « Rechercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice » (Mt 6,33).

Le Royaume de Dieu se trouvera dans cette humanité blessée, dépouillée et crucifiée : c’est là que le christianisme pourra faire œuvre de justice.


Faire œuvre de Miséricorde n’est-ce pas éteindre un à un les projecteurs de ces violences, rendre la vue face à tous ces aveuglements, pour ne laisser finalement que la charité partagée dans sa désarmante fragilité : la voilà la Royauté du Christ.

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