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Le chant des lèvres ou la louange comme sacrifice


Commentaire d’évangile (Lc 1, 39-45) pour le 4ème Dimanche de l'Avent (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 20 décembre 2015.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 18 décembre 2015.




Il n’est pas étonnant que Jésus, lors de ses visites au Temple de Jérusalem, soit un passionné de la Maison de son Père. Sa famille n’est-elle pas liée aux familles sacerdotales ?

Elisabeth appartient à une caste sacerdotale puisque Zacharie son époux, fait partie des prêtres du Temple qui offrent le sacrifice de l’encens, en souvenir du culte de la Tente du Rendez-vous (Ex 40, 1-33).

Par Marie, cousine d’Elisabeth, Jésus est issu de cette lignée. Curieusement on ne retient que son appartenance à la descendance de David par le consentement de Joseph à l’accueillir dans sa maison.

La Visitation est sans doute le plus beau texte annonçant déjà le culte nouveau, non plus scellé dans le sang des animaux, mais par l’offrande des lèvres (Ps 68). La voix devient signe d’une offrande à Dieu, et mémoire d’une œuvre de Miséricorde reçue ou donnée.


Pourquoi ?

Déjà par la géographie… C’est dans une ville de Judée que cela se passe et la tradition chrétienne pense qu’il s’agit d’Ein Kerem. Or la Judée est le signe lointain de l’ancien Royaume de Judas (-931 -587/586), apparu après le règne de Salomon. Dans ce Royaume au sud de Jérusalem vinrent demeurés les lévites attachés au Temple. La Judée est une terre au souvenir sacerdotal. Selon Michée (Mi 5, 1-4), elle est aussi la terre d’où doit naître le Sauveur, celui par qui le Salut de Dieu sera donné. Le Sauveur sera « notre paix », c’est-à-dire qu’il scellera l’Alliance Nouvelle et éternelle entre Dieu et son peuple, en étant lui-même l’offrande.

Ensuite ce dialogue entre les mères met en scène une magnifique mise en abyme de la médiation de la voix.

Marie salue sa cousine. Paroles banales pour une arrivée dans une maison. Mais cette banalité va permettre une expérience épiphanique, où au-delà de l’expérience sensible de la voix, on entre dans le mystère d’une Présence !

Par l’écoute d’Elisabeth envers Marie, Jean-Baptiste reconnait au-delà de la voix, celui qu’elle porte en son sein. Par l’écoute, Jean-Baptiste reconnait la présence cachée du Sauveur qu’il ne peut voir. Il répond par une action de grâce inaudible.

En écoutant la réaction de Jean-Baptiste en son sein, Elisabeth s’ouvre au don de l’Esprit de prophétie : elle reconnait Celui qu’elle ne voit pas encore, mais qui par Marie vient à sa rencontre. Elisabeth révèle à Marie que la promesse de l’Annonciation est accomplie.

En réponse à l’écoute de la voix d’Elisabeth, Marie adresse son cantique à Dieu, véritable prophétie de la vocation sacerdotale de son Fils. Une salutation commune devient une véritable théophanie, et pour Marie, Elisabeth et Jean-Baptiste, les oreilles ouvrent les yeux !

Enfin, le Magnificat est une profonde prophétie concernant l’œuvre de Miséricorde du Père, dont Jésus en sera le visage. Le chant de Marie va devancer le chant des anges qui annonce la naissance. Il chante déjà par anticipation l’accomplissement des Ecritures. Il actualise la prophétie d’Isaïe (Is 61, 1-11) que Jésus lira dans la synagogue de Nazareth (Lc 4, 16-22) pour inaugurer son ministère et qui lui donnera sens et cohérence. Ce cantique est déjà en l’honneur de l’offrande que Jésus-Christ fera de lui-même, par amour, pour le salut du monde, comme le dit la Lettre aux Hébreux (Hb 10, 5-10). Ainsi sous l’action de l’Esprit Saint, le cantique de Marie en l’honneur de l’œuvre de Miséricorde du Père, par le Fils, est la plus belle expression de ce que saint Augustin écrira dans son sermon 336 (*): « chanter est le propre de celui qui aime ».


Alors prenons soin de nos voix !

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