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Le complexe de l’alternateur


Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », pour l’édition du 01er septembre 2012. Il s'agit du commentaire de l'évangile du dimanche 3 septembre 2012 (Mc 7,1-8.14-15.21-23).


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Il était une fois un pauvre alternateur qui ne savait plus quoi faire de son courant… Question existentielle ! Faut-il faire aller le courant vers l’intérieur ou vers l’extérieur ?

S’il va vers l’intérieur, il risque peut-être d’endommager les composants du cœur de l’appareil, parce que sa tension serait trop forte. S’il va vers l’extérieur il risque de ne pas avoir assez de tensions tant il y a de composants à alimenter…


Ne trouvant aucune alternative face aux réclamations de toutes parts car le courant ne venait pas, notre pauvre alternateur se décida d’aller voir le Sage… Le vieux surnommé « triphasé », qui, devant une question n’ayant que 02 solutions, arrivait toujours à trouver une troisième voie qui résolvait les problèmes de tensions.

Eh bien, dans l’Evangile, c’est un peu la même chose… Il y a un problème « d’alternateur »… Pour être juste vis à vis de Dieu, faut-il aller vers l’intérieur ou vers l’extérieur ? Faut-il aller vers l’extérieur et ne s’attacher qu’aux rites ? Ou bien faut-il aller vers l’intérieur et ne s’attacher qu’au cœur des choses. On peut dire que les pharisiens, en venant voir Jésus et contemplant le spectacle de ses disciples, se posent la même question que notre alternateur…

Mais Jésus, ici prend la posture du Sage certes provocante, mais qui au lieu de trancher entre deux alternatives, va en proposer une troisième! Une alternative « trinitaire » à cette question dualiste ! Et il a bien raison ! Car une vie intérieure forte en émotion spirituelle, qui n’a aucune conséquence pratique dans la vie n’est au bout du compte qu’un fantasme et un courant d’air de masturbation intellectuelle. Tout comme une extériorité volontariste et exagérément démonstrative, sans aucune vie intérieure, est comparable à une « Tour de Pise », qui lorsqu’elle tombera plus tôt que tard, ne fera que « bling-bling ». Face à ce dilemme quasi Cornélien Jésus propose une géniale solution ! Car avant de se demander s’il faille aller vers l’intérieur ou l’extérieur, encore faudrait-il se demander d’où vient la Source et où elle va!

Eh oui, d’où vient la Source de toute sainteté sinon de Dieu lui-même, qui, selon saint Jacques, se donne par sa Parole semée dans la pauvre terre de notre cœur ? Tenter de vivre selon les Commandements de Dieu c’est déjà vivre cet accueil intime en nos cœurs. Mais lorsque la Parole semée produira un « fruit », c’est par notre vie extérieure que l’on pourra le cueillir ! Mettre en pratique, par notre agir, les Commandements de Dieu, s’est alors manifester à autrui, que la Parole semée a porté du fruit, un fruit qui se partage ! Agir en Sainteté n’est pas tant pour nous, mais totalement orienté vers les autres ! La sainteté est générosité, et Jésus met en lumière l’avarice des pharisiens qui ne juge que sur l’extérieur. Enfin, le partage du « fruit » de sainteté, que les autres peuvent cueillir à travers notre agir, peut nous revenir, grâce eux, en nouvelle semence…

Et voilà… Tout circule ! Plus de problème d’alternateur ! D’ailleurs la théologie ne dit-elle pas qu’au cœur de la Trinité c’est une « circulation » ? Une « circumincession » ? Et finalement vivre en sainteté, c’est vivre à l’image de la Trinité ! Plus de duel entre vie intérieure et vie extérieure, car Jésus et à sa suite saint Jacques, ont pris le temps de nous rappeler d’où vient la Source et où elle va : de Dieu, vers les autres par nos actes, en passant et en revenant par notre cœur.

Nous comprenons mieux pourquoi Jésus nous demande de prendre soin de notre cœur ! C’est un carrefour, un aiguillage essentiel! A la fois lieu de semence divine, du Salut, de la manifestation de la sainteté, du triomphe sur le péché. Alors n’ayons pas peur de nous y arrêter, pour ne pas nous tromper de chemin.

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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