Attention tentations!

Commentaire d’évangile (Lc 4, 1-13) pour le 1er Dimanche de Carême (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 14 février 2016.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 12 février 2016.

« Baptême et Tentation du Christ » (1580-1582)

de Paul VERONESE (1528-1588)

Comme un signal de rappel au début du carême, l’Evangile nous indique la route à suivre et nous prévient des dangers….

Il est étonnant de voir que Jésus vit l’expérience du désert après avoir été baptisé, en étant comblé des dons de l’Esprit. Si Jésus part au désert, ce n’est qu’avec un seul bien dans ses bagages : la Grâce de Dieu qui s’est révélée de trois manières au bord du Jourdain. Elle purifie par le signe de l’eau, elle vivifie par le signe de l’Esprit venant sur lui sur la forme d’une colombe, elle sanctifie par la Parole du Père lui révélant qu’il est Fils bien aimé.

Cette marche au désert est initiatique.

Elle possède toutes les caractéristiques inversées de l’entrée dans la Terre Promise. Jadis le peuple marcha quarante ans dans le désert avant de franchir le Jourdain pour prendre possession de la Terre Promise. Jésus franchit d’abord le Jourdain puis marche quarante jours dans le désert.

Il en est de même pour les tentations. Jadis le peuple succomba à la tentation de l’idolâtrie au Sinaï, ce qui lui valut la marche des quarante ans où il connut la faim et la nostalgie de l’esclavage. Jésus marche d’abord quarante jours puis connait l’expérience des tentations se terminant par l’idolâtrie.

Pour les trois tentations, Jésus répondra par l’Ecriture.

Initié par elle, l’Ecriture sera le moyen par lequel il manifestera publiquement son attachement à Dieu son Père, par l’Esprit.

Au bout de quarante jours, Jésus se détermine sur le chemin qui le conduira vers son Père, en se détournant du chemin du mal dont Satan lui a suggéré l’emprunt. Jésus accomplit le précepte de Moïse qui demandait à son peuple de choisir entre le chemin qui conduit à la vie, et le chemin qui conduit à la mort. Par cette triple tentation à laquelle Jésus triomphe, c’est déjà l’œuvre de la Résurrection qui se manifeste.

Pour les chrétiens, il en sera de même.

Ils vont cheminer pendant quarante jours pour arriver aux Portes de la veillée pascale.

Dans cette veillée, après avoir longuement médité l’Ecriture, ils vont publiquement renouveler les engagements du baptême, en communion avec les catéchumènes qui vont recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne. Ce renouvellement devient le signe que nous suivons les pas de Jésus-Christ, et à travers lui nous manifestons publiquement notre engagement déterminé à triompher de la triple tentation des biens matériels, du pouvoir temporel, du pouvoir spirituel. C’est par le mystère du baptême, et plus largement des sacrements de l’initiation, que Jésus nous communique cette Grâce qui purifie, qui vivifie, qui sanctifie.

Avec la Grâce de Dieu nous pouvons lutter pour plus de solidarité pour une meilleure gestion des biens matériels, et surtout aujourd’hui pour un meilleur respect de la création.

Avec la Grâce de Dieu nous pouvons lutter contre les abus de pouvoir et les régimes dictatoriaux qui ne respectent plus les libertés individuelles.

Avec la Grâce de Dieu nous pouvons lutter contre toutes les dérives sectaires et radicales de ceux qui ont la responsabilité spirituelle de leur semblable.

Sur ce chemin, avec le seul bien de la Grâce de Dieu, l’Eglise nous donne trois moyens.

Par l’aumône devenons plus solidaires.

Par le jeûne soyons plus respectueux lorsque nous exerçons des responsabilités et ayons moins la soif du pouvoir.

Par la prière, soyons d’authentique pasteur pour guider nos semblables à la rencontre de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, et ne devenons pas des obstacles à sa Grâce.