Il nous a aimés jusque là !
- bohleremmanuel
- 1 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Jn 21, 1-19) pour le 3ème Dimanche de Pâques (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 10 avril 2016.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 8 avril 2016.

« Le lavement des pieds » (vers 1632), de Pierre-Paul RUBENS (1577-1640)
« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi ! » (Jn 13,8). Telle était la réponse que fit Jésus à Pierre qui refusa de se faire laver les pieds. Ce n’est qu’après la Résurrection que l’on peut en comprendre toute la portée.
Avant les trahisons de Judas et de Pierre, le Seigneur a lavé les pieds de tous ses apôtres.
Geste initiatique où se révèle un admirable mystère.
Pendant son dernier repas, au cours de son ultime enseignement, Jésus révèle que la part qu’il réserve à ses apôtres n’est autre que l’Esprit Consolateur, don du Père (Jn 14,26).
A travers le lavement des pieds, c’est la Trinité qui se manifeste : le Fils s’abaisse, et dans le signe de laver les pieds avec de l’eau, c’est déjà l’annonce du don de l’Esprit (Jn 14,16-21), don du Père. Mais un Esprit Consolateur, qui au soir de Pâques est donné aux apôtres pour qu’ils puissent devenir les ministres de la réconciliation (Jn 20, 19-23).
Le lavement des pieds est une annonce de la Miséricorde de Dieu, accordée à tous les disciples qui veulent suivre le Christ et plonger dans le mystère de sa mort et de sa Résurrection. L’Amour de Dieu précède le pécheur !
Ce récit d’apparition possède une construction semblable au récit des pèlerins d’Emmaüs (Lc 24, 13-35).
Au départ, les disciples reprennent leur activité initiale, avant la rencontre avec Jésus. Pour les uns c’est la pêche, pour les autres c’est quitter Jérusalem.
Puis Jésus vient à la rencontre des disciples. Pour les uns sur la rive, au milieu de leur activité de pêche sur le lac de Tibériade. Pour les autres c’est au cœur de leur marche. Dans l’un et l’autre récit personne ne reconnait Jésus tout de suite. Pour les uns il faudra attendre le signe de la pêche miraculeuse, pour les autres il faudra attendre la geste de la fraction du pain. Pour tous, le signe ouvrira les yeux et l’on reconnaitra le Seigneur.
Le récit de Jean propose une partie en plus car lorsque les disciples d’Emmaüs reconnaissent le Seigneur, ce dernier disparait à leur regard.
Or, ici il y a la scène célèbre de la « mensa christi » (Jn 21, 9-14): Jésus demande du poisson à ses disciples, mais lui leur donne en retour le poisson et le pain déjà cuit sur la braise et préparés pour eux.
Parce qu’il est un des titres que l’on confère à l’Eucharistie, cet admirable échange est une catéchèse eucharistique où l’assemblée offre le pain et le vin, fruit de leur travail, mais en échange il reçoive dans le mystère de la Prière Eucharistique, le Corps et le Sang du Christ.
Pour terminer, comme pour le récit des pèlerins d’Emmaüs, il y a un envoi en mission.
Pour les uns, après avoir reconnu le Ressuscité à la fraction du pain, ils retournent à Jérusalem et annoncent cette rencontre aux apôtres.
Dans ce récit, Pierre reçoit sa mission du Ressuscité.
Une mission fondée sur le triple renouvellement dans l’amour. Pierre répond à l’Amour que le Christ lui a déjà montré.
L’eau et le lavement des pieds étaient les signes qui annonçaient la source de l’Amour: le côté ouvert du Crucifié d’où coulèrent le sang et l’eau. Avant même de pleurer amèrement son reniement, Pierre reçoit le signe d’une Miséricorde. L’Amour de Dieu va jusque-là !
Dans cette Miséricorde, Pierre est déjà ressuscité.
Parce qu’il a consenti à être aimé et pardonné, sa mission devient l’actualisation et la manifestation concrète de la part qu’il a reçu du Seigneur.
L’Esprit Consolateur lui est envoyé non seulement pour le pardon de ses péchés, mais pour lui révéler la Volonté de Dieu le concernant.
Réconciliation et vocation sont intimement liées!
Être artisan de réconciliation est donc la vocation de tous chrétiens.
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