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Emportez par la foule, qui nous entraine ! Mais vers où ?


Commentaire d’évangile (Mt 5, 27-32) pour le 10ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 05 juin 2016.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 03 juin 2016.


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Il semble que la porte soit la plus belle image pour évoquer la Pâque, et son franchissement la plus belle métaphore de sa dynamique interne : le passage.

C’est à la porte de la ville de Naïm que se tient cette rencontre entre deux cortèges :

L’un entrant, l’autre sortant.

L’un suivant un vivant : Jésus ; l’autre suivant un mort : le fils unique d’une veuve.

Grande foule extérieure pour l’un, foule importante de la ville pour l’autre.

Pour l’un foule en joie parce qu’elle suit Jésus, pour l’autre foule en pleure parce qu’elle suit le mort.

Encerclée, entourée par cette foule immense, composée d’étrangers et d’habitants de Naïm, la rencontre se concentre sur Jésus, la veuve et le cadavre de son fils unique.


L’un est pris de compassion, l’autre est prise de désespoir et marche vers le néant : la tombe de son fils unique.

Au milieu de cette foule immense Jésus pose un geste et une parole : il touche le cercueil et ordonne au mort de se relever. Non seulement le mort se redresse, mais il prend la parole. Il se relève et comme dit le psaume 50 (51), il ouvre ses lèvres : est-ce pour publier la louange de Dieu ?

Pour lui on ne sait pas, par contre cette foule immense ouvre sa bouche pour rendre grâce à Dieu: un chant jaillit de ses lèvres.

Son chant est ici, comme jadis le Cantique de Moïse lors du passage de la Mer Rouge (Ex 15), un chant de délivrance. A l’image du psaume 31 (32) qui annonce que le Seigneur entoure de chants de délivrance celui qui l’invoque, la foule entoure physiquement d’un chant de délivrance l’action de Jésus envers ce fils unique.

Ce chant de délivrance est lui-même un passage, car il associe deux évènements majeurs de l’Evangile.

Il reconnait que Jésus est bien un prophète et il anticipe la résurrection du Fils unique de Dieu, puisqu’il dit qu’un prophète s’est levé parmi nous. Pour la foule, le fils unique de la veuve de Naïm se relevant de sa mort devient l’image annonçant Jésus-Christ se relevant des morts au matin de Pâques.

Mais en même temps, la foule reconnait que Dieu a visité son peuple. Le premier à avoir annoncé la visitation de Dieu parmi les hommes c’est Zacharie, lorsqu’il chanta son cantique d’action de grâce (Lc 1, 68-79) lors de la circoncision de son fils Jean-Baptiste. La naissance de Jésus parmi les hommes était pour Zacharie le signe de cette visitation, mais une naissance salvifique. Ce chant de la foule fait mémoire non seulement du cantique de Zacharie, mais aussi du chant des anges (Lc 2, 8-14) lorsqu’ils ont annoncé aux bergers la naissance du Fils de Dieu.

Ce chant de la foule est un passage entre la mémoire de la naissance de Jésus et l’annonce future de sa résurrection.

Pourtant il annonce un autre chant que la foule fera entendre lorsque Jésus franchira les portes de Jérusalem (Lc 19, 28-44) pour entrer dans la ville.

En empruntant un verset du psaume 117 et en exaltant qu’est béni celui qui vient au nom du Seigneur, la foule de Jérusalem annoncera que le mystère de la résurrection du Christ est un autre signe de la Visitation de Dieu. Dans le mystère de la mort et de la Résurrection c’est le mystère du salut qui se révèle. Dans le mystère pascal, Dieu vient visiter son peuple pour le sauver et lui révéler son amour : c’est l’accomplissement de la prophétie du Cantique de Zacharie !

Ainsi, par l’acclamation du « saint, saint, saint » par l’assemblée, la liturgie eucharistique devient comme une porte, où Dieu continue de venir visiter notre humanité et lui donner le salut par l’offrande de son Fils unique.

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