Bizarre ! Vous avez dit bizarre ?
- bohleremmanuel

- 12 oct.
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Commentaire d’évangile pour le 28ème Dimanche du Temps Ordinaire (Lc 17, 11-19 ; année liturgique C), célébré le dimanche 12 octobre 2025.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 12 octobre 2025.

Le récit de la guérison des lépreux est célèbre, mais à bien y faire attention, il propose plus de questions nouvelles que de solutions. Revenons sur cette page d’évangile aux accents énigmatiques, parfois même absurdes.
Tout commence normalement, et je dirai même en suivant le protocole sanitaire de l’époque pour éviter contaminations et propagations.
Jésus est en pérégrination vers Jérusalem, c’est-à-dire vers la Judée. Il traverse Samarie et Galilée. Autrement dit Luc mentionne les trois districts administratifs de la Palestine au temps des romains. Jésus parcourt les vestiges de l’ancien grand Royaume du Roi David, unissant le Royaume du sud (Judas) et le Royaume du nord (Israël).
Luc mentionne ensuite une rencontre, un carrefour : puisque la route de Jésus entrant dans un village croise la route de lépreux venant à sa rencontre, mais ceux-ci, en respectant le protocole, lui parle à distance.
Le dialogue est assez surréaliste, car les lépreux reconnaissent en Jésus un « Maître » et lui demandent de les « prendre en pitié ».
Au fond, par cette formule quasi liturgique, les lépreux ne font pas que reconnaitre Jésus de Nazareth, mais ils reconnaissent déjà en lui, celui qui peut tout, c’est-à-dire le Messie, l’envoyé du Dieu vivant. C’est un authentique acte de foi !
Mais curieusement Jésus va uniquement leur répondre d’aller se montrer aux prêtres. Que fait-il alors du rite de purification dans l’eau prescrit par la Loi, comme jadis le prophète Elisée demanda à Naaman (2 R 5,14) ? En effet, dans la Loi, on ne va se présenter devant les prêtres que pour attester officiellement une guérison établie par un rite de purification (Ne 12,30-31). Nous sommes en présence d'une énigme de taille : où se trouve l'eau dans ce récit de purification? Jésus va-t-il les purifier dans l’eau ou bien dans autre chose ? Est-ce à dire que Jésus va les guérir sans l’ancien rite de purification, comme pour instaurer un nouveau rite ?
Ensuite l’évangile nous dit qu’ils sont guéris « au cours de leur marche », c’est-à-dire de manière presque anonyme, sans connaitre vraiment le lieu et l’heure précises ! Nous sommes vraiment face à un mystère ! On ne sait si les lépreux guéris iront se présenter devant les prêtres, par contre une chose est certaine : un seul revient devant Jésus et en plus un étranger, un Samaritain !
En revenant devant lui et en louant Dieu, ce lépreux purifié a ouvert les yeux : Jésus nous purifie de tous péchés ( 1 Jn 1,9), il se présente comme un nouveau prêtre (He 9, 1-28) ! C’est bien un nouveau rite de purification !
N’est-ce pas une purification dans l’Esprit ?
En effet cette purification mystérieuse, dans un lieu et un temps inconnus, au cours d’une marche, ressemble à s’y méprendre à ce qui se passa pour la Vierge Marie entre l’Annonciation et la Visitation, entre Nazareth et la Judée ! Cette dernière reçoit à Nazareth la promesse que l’Esprit la couvrira de son ombre, dans un futur inconnu. Mais se mettant en marche depuis Nazareth et arrivant en Judée chez sa cousine Elisabeth, cette dernière et son fils reconnaissent qu’elle porte en elle le Fils de Dieu. Dans un temps inconnu durant sa marche, entre Nazareth et la Judée, l’Esprit la couvrit de son ombre et elle rendit grâce à Dieu !
Ces lépreux furent purifiés par le don de l’Esprit-Saint!
Un Esprit qui mystérieusement jaillit de la bouche même de Jésus lorsqu'il les envoya vers les prêtres, par le souffle de sa voix ! Ne sommes-nous pas dans un contexte préfigurant celui de la Pentecôte?
Mais un seul chanta son cantique d’action de grâce... Au fond, comme au jour de la Pentecôte, n'est-ce pas l'Esprit-Saint qui chante en leur coeur (Ga 4,6) ?
En tous cas, quel chemin de conversion !
A travers ce récit, n’avons-nous pas la présentation d’un nouveau rite ? Celui d’un baptême, non plus seulement dans l’eau, mais dans l’eau et l’Esprit-Saint (Lc 3,16) ?
Alors rendons grâce puisque l’Eglise continue de le donner par les signes de l’eau et l’onction d’huile !



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