Elevez-vous Portes éternelles, qu’il entre le Roi de gloire !
- bohleremmanuel

- 8 nov.
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Commentaire d’évangile pour le Dimanche de la Dédicace de la Basilique du Latran (Jn 2, 13-22 ; année liturgique C), célébré le dimanche 9 novembre 2025.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 9 novembre 2025.

« Dédicace d’une église de Chartreux » (1625-1650), Eustache LE SUEUR (1616-1655)
Il est toujours émouvant de faire mémoire, un dimanche, de la Dédicace d’une église. Aujourd’hui le souvenir de la basilique Saint-Jean-De-Latran, la cathédrale de l’évêque de Rome et la première en dignité de toutes les églises d’Occident, nous replace dans la perspective de l’Année Sainte 2025.
Construite en 320 par l’Empereur Constantin et consacrée par le Pape Sylvestre Ier en 324, elle est sans conteste le premier édifice monumental construit pour un christianisme qui venait à peine d’être reconnu depuis l’édit de 313.
Sa construction marque la fin d’une période de persécution qui remonte à la fondation même de l’Eglise par le Christ et le début de l’œuvre apostolique.
Faire mémoire de sa Dédicace c’est à la fois revenir aux sources du christianisme en ses origines, faire mémoire du sang des martyrs versé à Rome, à Jérusalem et dans d’autres lieux de l’Empire. Mais aussi faire mémoire d’un lieu de communion et d’unité pour l’Eglise Catholique. Mais au-delà de ces considérations officielles et historiques, qu’est-ce que la mémoire de cette Dédicace peut nous apporter ? Que peut-elle signifier ?
Il est assez impressionnant de constater que la Dédicace d’une église (rituel plus tardif), comporte des gestes qui font mémoire des sacrements de l’initiation chrétienne que l’on confère aux membres de l’Eglise.
L’Eglise est d’abord une communauté rassemblée pour le partage, la prière et les sacrements (selon les Actes). Cette réalité donnera par la suite le même nom au bâtiment où avait lieu un tel rassemblement. Il s’établit un lien fort et poétique où la Dédicace d’une église de pierre, permet à la communauté de faire mémoire de ce qui la constitue en tant qu’Eglise. Faire mémoire d’une Dédicace c’est revenir à la source même de notre identité de croyants. C’est un authentique pèlerinage de communion intérieure pour raviver la grâce des sacrements qui ont fait de nous des chrétiens !
En effet, nous y retrouvons des gestes comme la signation à la porte et l’aspersion (comme au baptême), l’onction de saint-chrême et l’illumination des murs (confirmation), la consécration de l’autel pour y célébrer l’eucharistie.
En cette année jubilaire, s’il y a peut-être un geste de la Dédicace que l’on met particulièrement à l’honneur depuis la création du pèlerinage de l’Année Sainte en 1300 par le Pape Boniface VIII, c’est l’ouverture des portes et leur franchissement.
On y prévoyait de chanter le Psaume 23, qui est originellement un psaume de pèlerinage que les juifs devaient chanter en montant au Temple de Jérusalem juste au moment d’entrer dans les parvis.
« Portes levez vos frontons, élevez-vous portes éternelles, qu’il entre le Roi de gloire ! ». Franchir une porte, que ce soit une porte sainte ou la modeste porte d’une église de campagne nous renvoie l’image, comme dans un miroir, que Dieu le premier veut établir sa demeure en nous !
Souvenons de cette question de l’Apocalypse (Ap 3,20): « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » .
Allons-nous entendre un tel appel ?
En cette fête de la Dédicace, allons-nous le laisser entrer ?



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