« Béni soit Celui qui vient! » Ou préparer le chemin du Seigneur par l’hospitalité
- bohleremmanuel
- 1 déc. 2020
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Commentaire d’évangile (Lc 10, 1-10) pour le 14ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 03 juillet 2016.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 01er juillet 2016.

« Le songe de Jacob », attribué à Nicolas BERTIN (1667-1736)
Jésus appelle et envoie 72 disciples afin que, comme Jean-Baptiste, ils puissent préparer sa venue ! Ses recommandations relèvent plus d’une épreuve à traverser que d’une promotion confortable.
Pauvres disciples qui sont dépouillés par le Maître, avant de partir: ne rien prendre avec soi pour aller au milieu des loups, sans saluer qui que ce soit. Il faut bien reconnaitre que cette pérégrination dans ces conditions n’est pas un avantage. Quel sens peut-on donner à cette mise à l’épreuve pour la durée de la route ? Y a-t-il une allusion à une figure biblique ?
Le songe de Jacob (Gn 28, 10-22), lorsqu’il voyageait entre Bershéba et Arane, pourrait nous être d’un précieux secours pour comprendre et saisir la pédagogie du Christ dans l’initiation de ses disciples.
Le songe de Jacob, qui voit apparait sa célèbre échelle où les anges montent et descendent, est une théophanie qui révèle le sens de la « Maison de Dieu ».
Jacob saisit que Dieu était présent dans le lieu où il dormait, à tel point qu’il change le nom de ce lieu : de Louz il passe à Bethel, ce qui signifie « Maison de Dieu ».
Jacob y fait cette prise de conscience en ces termes : « En vérité, le Seigneur est en ce lieu ! Et moi, je ne le savais pas (…) Que ce lieu est redoutable ! C’est vraiment la maison de Dieu, la porte du ciel ! ».
Si la mission des 72 disciples est de préparer la venue du Jésus-Christ, elle peut être comparable à cette préparation des consciences afin de reconnaitre que c’est Dieu lui-même qui va visiter son peuple. A l’image de la foule qui suivait la veuve de Naïm et qui chantait : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, Dieu a visité son peuple ».
Mais Jacob fait cette prière en reprenant sa marche à l’issue du songe: « Si Dieu est avec moi, s’il me garde sur le chemin où je marche, s’il me donne du pain pour manger et des vêtements pour me couvrir, et si je reviens sain et sauf à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu. Cette pierre dont j’ai fait une stèle sera la maison de Dieu. De tout ce que tu me donneras, je prélèverai la dîme pour toi. ».
Jacob montre bien que sa marche sera le lieu d’une épreuve pour vérifier la qualité de sa foi. On peut dire qu’il en est de même pour les 72 disciples : cette marche vers les loups dans le dépouillement total, semble la condition pour vérifier la qualité de leur foi mais en même temps de saisir qu’à travers l’accueil qu’ils vont recevoir (nourriture et toit), ce sera la signe que Dieu les accompagne.
Les maisons où ils seront accueillis seront le signe que Dieu les accompagne.
Cet Evangile semble nous révéler que la maison des hommes a maintenant pour vocation de devenir la « Maison de Dieu ». A travers l’hospitalité de ces inconnus, c’est Dieu lui-même qui accueille ceux qu’il a envoyés. Mais en même temps, à travers les disciples devenus comme des hôtes, c’est Dieu lui-même qui viendra visiter son peuple.
L’expérience est double : expérience de foi des 72 disciples.
Expérience de visitation pour ceux qui les reçoivent.
Mais saint Luc nous laisse envisager, comme pour Jacob, la possibilité de ne pas reconnaitre Dieu dans celui que l’on accueille.
Dieu est peut-être venu auprès de nous et nous ne le savions pas…
Comme jadis pour Abraham, Dieu prend le visage d’un voyageur.
Serons-nous prêt à l’accueillir lorsqu’il viendra frapper à notre porte?
Serons-nous prêt à le reconnaitre lorsqu’il viendra nous visiter à travers les visages de nos contemporains qu’il a envoyés pour lui préparer la route ?
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