La fin d’un monde! Oui mais lequel?
- bohleremmanuel
- 21 nov. 2020
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Cet article a été publié dans l’hebdomadaire « L’Ami Hebdo » daté du 23 novembre 2012. Il s'agit du commentaire de l'évangile du dimanche 25 novembre 2012 (Jn 18, 33b-37).

Alors que la fête du « Christ, Roi de l’Univers », avec ses accents apocalyptiques, pourrait donner libre court à notre imagination de la fin du monde ; il est une étrange coïncidence que le prix Goncourt de cette année a été décerné à l’ouvrage de Ferrari « Sermon sur la chute de Rome », qui est un roman proposant une belle réactualisation de la fragilité des mondes et des sociétés…
Question bien actuelle que celle de la « chute »! Pas tant du côté des fantasmes de l’arrêt du calendrier Maya, que des questions sévères concernant la vie des hommes de notre temps. N’assistons-nous pas réellement à la fin d’un monde ? Oui mais lequel ? Attardons-nous sur cette question, afin de ne pas nous tromper de combat, et surtout ne pas devenir, à notre insu, ces « prophètes de malheur » que Jean XXIII avait « chassés » par son discours et de l’Assemblée conciliaire.
Cette fête a été introduite dans le calendrier liturgique grâce à Pie XI, qui le 11 décembre 1925, avait promulgué une encyclique « Quas primas ». Elle ne portait que le nom de « Christ-Roi », et c‘est la réforme liturgique qui ajoutera « de l’Univers ».
La cause de cette réflexion était pour ce pape, la venue de nombreux pèlerins à Rome pour l’Année Sainte, mais aussi le seizième centenaire du Concile de Nicée qui avait défini la foi en Jésus-Christ, vrai Dieu ET vrai homme. Pie XI était inquiet de la montée d’un laïcisme radical et intransigeant, s’adjoignant d’une remise en cause de l’humanité de Jésus-Christ. Jésus-Christ n’est pas seulement un Maître pour le spirituel, mais aussi pour l’humain ! Dans les deux domaines, il fait « autorité ». A la fin de l’encyclique il entrevoit une forme « d’apostasie » contemporaine, c’est à dire un refus de la foi en l’humanité de Jésus-Christ et de ses conséquences pratiques. C‘est en niant l’humanité de Jésus-Christ, qu’hélas, on met Dieu à la porte de l’histoire!
Pie XI a donc instauré cette fête, non pas pour suggérer une sorte de nouvelle théocratie justifiant la subordination de l’Etat au religieux, mais avant tout pour « affermir la foi » des fidèles en l’humanité de Jésus-Christ ! Grâce à elle, Pie XI souhaitait que les fidèles se laissent vraiment « transformer » par le Christ à la fois homme et Dieu, et « d’agir en ce monde » comme d’authentiques « disciples ». C’est par son humanité, que l’action des croyants au cœur du monde et de l’histoire est rendue légitime. L’humanité de Jésus-Christ permet alors à notre humanité de devenir meilleure, et à l’Evangile d’être « ferment » qui transforme le monde. Aujourd’hui, n’est-ce pas un « serpent similaire » qui susurre à nos oreilles avec une arrogance accrue, de reléguer la foi dans la sphère privée, sans conséquences avec la vie publique ? N’écoutons pas ce Méphistophélès tout aussi franc que maçonné de fausses certitudes. Comme si l’humanité de Jésus-Christ fût une erreur du passé qu’il faut ôter de la mémoire collective. On ne peut museler la conscience de l’homme sans lui faire perdre son âme ! N’est-ce pas la « chute » d’aujourd’hui ? L’homme contemporain serait-il comme Faust, entre train de perdre son âme à je ne sais quelle folie ?
Or, c’est la contemplation de l’humanité de Jésus-Christ qui fût à l’origine des œuvres caritatives de l’Eglise, de son discours humaniste, de sa grandeur d’âme à travers ses saints. C’est l’élan spirituel de la fête du « Christ-Roi », qui discrètement, nourrira et fera rayonner la fondation du Secours Catholique par Jean RODHAIN en 1946 et lui inspirera sa célèbre « Balance » ou alors sa maxime « La Charité n’a pas d’heure ». Si notre humanité est blessée, que l’Eglise, en demeurant elle-même toujours plus « humaine », sache lui proposer l’humanité de son Seigneur. C’est elle qui rend visible l’Amour salvifique dont l’Eucharistie en est l’expression la plus sublime, source et sommet d’une humanité nouvelle : voilà le mystère de la foi et de l’Amour, qui redonneront une âme à notre monde !
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