Chassé-croisé évangélique !
- bohleremmanuel
- 1 déc. 2020
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Commentaire d’évangile (Lc 14, 1.7-14) pour le 22ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 28 août 2016.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 26 août 2016.

« Fête dans la maison de Simon le Pharisien » (1618)
Comme deux danseurs font ensemble un chassé-croisé, l’un à droite et l’autre à gauche ; les regards de Jésus et des pharisiens se croisent pour s’observer mutuellement.
Les uns observent Jésus afin d’attendre le moment où il n’observera pas la Loi (ce qu’il fera puisqu’il guérira un malade le jour du Sabbat). Jésus observe ceux qui l’accueillent pour leur exposer deux paraboles. Bref, un chassé croisé de regards critiques, digne d’un repas mondain où l’observation vaniteuse des invités donne lieu à des échanges superficiels, où les formules d’esprit camouflent un certain mépris de l’autre!
L’ambiance de cette table pharisienne est comparable à cette citation du Livre des Proverbes qui se passe justement à la table des grands : « … Ne partage pas le pain de l’envieux, ne lorgne pas ses bons plats ! Car il calcule tout, il est ainsi fait ; il te dit « Mange et bois », mais il n’est pas de cœur avec toi. » (Pr 23, 6-7)
Face aux paroles de Jésus, la réaction des pharisiens est décrite dans la suite du passage des Proverbes : « A l’oreille d’un sot ne dis mot : il n’a que mépris pour tes paroles sensées ! » (Pr 23, 9)
Alors que faire pour comprendre, nous qui lisons et méditons ce passage ?
Toujours le Livre des Proverbes nous en donne la clef : « … Dispose ton cœur à l’instruction et tes oreilles aux paroles du savoir. » (Pr 23, 12)
En observant l’agir des pharisiens Jésus propose deux paraboles concernant la question de la place et des invités, non plus à leur table mais à la sienne. La table terrestre des pharisiens devient le lieu où Jésus révèle le mystère de la Table céleste, où Dieu lui-même installera ses invités et les servira (Eph 2,6).
Commençons par la question des invités.
Jésus fait mention des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Cette liste est déjà connue dans l’Evangile : c’est la même liste que Jésus donna aux disciples des Jean-Baptiste qui doutaient qu’il soit le Messie (Lc 7, 18-23). Elle est directement inspirée du Prophète Isaïe (Is 35, 5-6 ; 26,19 ; 61,1) qui annonce à quoi on reconnait le Messie : par son onction spirituelle, les boiteux marchent, les aveugles voient, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Jésus fera cette même lecture (Is 61, 1-2) à la synagogue de Nazareth pour inaugurer son ministère public (Lc 4, 14-30). Cette parabole est un avant-goût du Repas Pascal où nous sommes sauvés.
Quant à la question de la place des invités, l’autre parabole n’est pas sans évoquer le souvenir du premier repas que Jésus fit chez un pharisien. L’évangéliste saint Luc l’associe à l’épisode de la femme adultère (Lc 7, 36-50). Or ce dernier ne montre-t-il pas cette inversion des places ? La dernière arrivée à table, qui n’ose prendre place à table car se mettant derrière Jésus pour lui laver les pieds de ses larmes, les essuyer avec ses cheveux et leur répandre un parfum précieux, se voit être mise au premier rang par la parole de Jésus. En commentant son action, il place alors le pharisien à la dernière place, parce qu’il n’a pas lavé les pieds de Jésus et ne lui a pas fait d’onction parfumée.
C’est à la table d’un pharisien que Jésus révéla les éléments qui donneront à comprendre le sens caché de son dernier Repas: c’est là que nous sommes pardonnées. Lui le Maître prendra la dernière place, celle du serviteur pour laver les pieds de ses disciples, afin que les hommes soient élevés et reçoivent par Lui la première place.
D’une table superficielle, Jésus la transforme en un lieu vertueux de l’humilité.
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