Jésus s’est fait « fils adoptif »... Pour que nous devenions « fils adoptifs »!

Commentaire d’évangile (Mt 1, 18-24) pour le 3ème Dimanche de l'Avent (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 18 décembre 2016.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 16 décembre 2016.

L’arbre de Jessé, ARRAS

Tel pourrait être l’adaptation de la célèbre confession de saint Irénée de Lyon (IIème siècle) : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».

L’épisode du songe de Joseph selon saint Matthieu ne peut se comprendre sans la généalogie de Jésus-Christ qui le précède (Mt 1, 1-16). L’évangéliste propose une généalogie « musicale » où le rythme régulier d’une litanie et les dissonances ont un rôle important.

Généalogie rythmée par trois fois quatorze générations, séquencée par la figure du roi David et l’exil à Babylone pour conduire au Christ (Mt 1, 17).

Généalogie où l’expression « engendra » est le refrain litanique dominant.

Mais cette litanie est rompue par une dissonance constituée de l’expression « de son union avec », cachant une union illégitime. Il y a quatre dissonances de ce genre qui s’arrêtent avec David. Il est la figure par excellence du pénitent qui fait l’expérience de la Miséricorde et de la fidélité de Dieu (Ps 50).

La dernière dissonance et la plus extraordinaire n’est autre que l’engendrement de Jésus-Christ lui-même.

Elle constitue non seulement une rupture dans la litanie, mais une rupture dans le rythme car ce n’est plus une filiation dans le sang. C’est une reconnaissance de filiation par l’union...

Ainsi raconté, l’engendrement de Jésus-Christ apparait comme un rejeton greffé sur la vieille souche d’Abraham. Dissonance qui marque l’accomplissement de la prophétie : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines » (Is 11, 1). En marquant cette rupture d’engendrement par le sang, Jésus est présenté comme un fils adoptif de David ouvrant une nouvelle génération. Ce rejeton va devenir une souche où seront greffés d’autres enfants : les enfants de Dieu !

La dissonance due à l’engendrement de Jésus-Christ est de taille, car humainement nous pourrions croire en apparence que Marie est ce que l’on nomme improprement une fille-mère, et Jésus serait éventuellement le fruit d’un adultère avant le mariage....

Cette dissonance travaille Joseph en profondeur et son projet de répudiation semble corroborer cette alternative. Mais étant appelé « Juste » il discerne en son cœur et veut accomplir les Commandements de Dieu, en particulier celui de ne tuer personne. Une répudiation publique entrainerait la mort de Marie et Joseph aurait alors du sang sur les mains. La répudiation secrète est le compromis le plus équilibré.

Mais l’épisode du songe nous révèle que l’enfant que Marie attend, n’est pas le fruit d’un adultère hors mariage mais qu’il est le fruit de l’Esprit Saint. Le rejeton deviendra un authentique « Arbre de Vie », et le songe de Joseph nous invite à croire, avant sa naissance que Jésus-Christ est bien le Fils de Dieu.

Cette dissonance est en fait une intonation, annonçant et chantant par anticipation ce que Jean-Baptiste proclamera dans le prologue de l’Evangile de Jean : « Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu » (Jn 1, 13). C'est la filiation dans l'Esprit!

Cette dissonance est non seulement le mystère de l’adoption filiale de Jésus dans la Maison de David, mais elle est l’image de notre propre adoption par le Père dans l’Esprit Saint ! Elle nous fait déjà entendre ce qui se chante dans le mystère du baptême et que Paul proclamera en ces termes : « Il nous a choisis, dans le Christ, (…) Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. » (Ep 1, 3-6)

La Nativité de Jésus est le gage de notre adoption filiale dans les cieux !