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Relâchement ou durcissement ?


Commentaire d’évangile (Mt 5, 17-37) pour le 6ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 12 février 2017.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 10 février 2017.


par un Disciple de José de RIBERA (1591-1652)



Lorsque Jésus s’en prend aux scribes et aux pharisiens est-ce pour relativiser ou renforcer l’autorité de la Loi de Moïse? Jésus serait-il un pharisien qui s’ignore ?


Sans être iconoclaste, cette question est légitime lorsque Jésus réaffirme l’autorité de la Loi et son désir de l’accomplir.

Qu’est-ce qui différencie Jésus d’un pharisien lorsqu’il enseigne que le rejet de la Loi a pour conséquence d’être le plus petit dans le Royaume des Cieux ?

Les pharisiens n’enseignent-ils pas à observer la Loi ? Alors ils devraient être grands dans le Royaume des Cieux, pourtant Jésus affirme que leur justice ne leur permet même pas d’y entrer !

Alors d’où vient la divergence ?

Elle ne vient pas de la Loi mais de la justice des Pharisiens.

Or la justice est la manière d’interpréter et de mettre en pratique la Loi de Moïse.

La justice est l’accomplissement de la Loi et non son détournement.

Jésus semble critiquer la manière dont les Pharisiens la font appliquer !


Mais n’allons pas trop vite, car face à certaines mises en garde franciscaines bien récurrentes envers les Pharisiens et leurs attitudes, on finirait par croire que le Christ est venu pour nous affranchir de la Loi, flattant par anticipation nos vieux idéaux nostalgiques d’un monde sans interdits. Illusions périmées que cette révolution-ci !


En s’attachant à la lettre de l’Evangile, Jésus semble adopter la pédagogie des Pharisiens : il s’attache à la Loi de Moïse mais propose une autre justice.


Jésus prend appui sur 2 commandements venant du décalogue: le 6ème lié au meurtre (Ex 20,13), le 7ème lié à l’adultère (Ex 20,14). Puis 2 commandements venant de l’enseignement de Moïse : la question du divorce (Dt 24,01) et celle du faux serment (Lv 19,28).

Il y a des commandements « sources » (décalogue) que Moïse interprétera pour enseigner une pratique selon la justice en conformité avec eux.


En prenant appui sur ces 4 commandements qui portent en eux un acte interprétatif, Jésus s’enracine dans cette même démarche.

Par son enseignement, il va interpréter la Loi et proposer une mise en pratique des commandements dont les résultats peuvent surprendre.


Non seulement il ne relâche pas les commandements mais il va plus loin en les durcissant !


Au lieu du meurtre physique, il ne faut même pas avoir de colère en nous.

Au lieu de l’adultère consommé, il ne faut même pas convoiter du regard.

Jésus n’est pas non plus favorable au divorce et encore moins aux paroles qui ne seraient pas conformes aux actes posés.


Paradoxalement tout en durcissant les commandements de la première Alliance, Jésus semble décrire l’idéal des Béatitudes (Mt 5, 1-12) enseigné précédemment.

Cet idéal serait-il la manière chrétienne de vivre la Loi de Moïse ?

Les 4 commandements ne sont-ils pas en écho avec : « Heureux les doux » contre la colère ? « Heureux les cœurs purs » au lieu de la convoitise du regard ? « Heureux les miséricordieux » contre l’infidélité et l’exclusion ? « Heureux les pauvres de cœur » afin que nos paroles et nos actes restent humbles sans nous faire mentir ?


Pratiquer la justice ne serait-ce pas pratiquer l’enseignement des Béatitudes ?

Or que représente les Béatitudes si ce n’est l’épiphanie et la révélation du mystère de la Charité.

La logique de cet Evangile est la même qu’exprime saint Paul: « Ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (…) Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour.» (Rm 13, 9-10)


Quelle (vraie) révolution ?!

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