Être un « Bon Pasteur », qu’est-ce à dire?

Commentaire d’évangile (Jn 10, 1-10) pour le 4ème Dimanche de Pâques (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 7 mai 2017.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 5 mai 2017.

« La résurrection de Lazare », Jean-Baptiste CORNEILLE (1649-1695)

« Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ,

le Fils de Dieu, qui vient dans le monde » …

Voilà l’acte de foi de la besogneuse Marthe (Jn 11,27), qui face à la mort de son frère Lazare, reconnait le Christ comme son Pasteur et donne un sens particulier à l’évangile.

Il est un rite de l’Eglise qui rend visible cette poétique biblique.

Il s’agit de la brève prière pour les défunts au moment du départ de la maison.

On peut faire également cette prière avant que le corps du défunt n’entre dans l’église.

Ce rite stational propre à la liturgie pour les défunts réinvestit des lectures de ce dimanche. Il se passe à une porte. On y chante le psaume 22 (23) puis une oraison s’inspire de l’Evangile où l’on rappelle que Jésus-Christ n’oublie aucun de ceux que le Père lui a confié (Jn 18,19) et qu’il conduit le défunt (Jn 10,4) à quitter ce monde qui passe (Jn 17,11) pour entrer dans la Demeure éternelle de son Père (Jn 14,1-12).

Ce rite de passage, malheureusement tombé dans l’oubli (peut-être par idéologie…) est une splendide tapisserie biblique qui actualise l’enseignement johannique sur le mystère pascal comme étant l’œuvre pastorale de Jésus-Christ.

Dans ce passage de la mort à la vie, dans ce passage de ce monde à son Père, le Christ se manifeste vraiment comme un Pasteur.

En accompagnant les défunts et les familles en deuil, l’Eglise ne fait que continuer cette œuvre pastorale.

Ce que l’on nomme « pastorale des funérailles » est un lieu où prêtres, diacres et laïcs témoignent le plus de leur fidélité à vivre et à rendre actuel l’Evangile selon saint Jean, concernant l’œuvre de la Résurrection.

Dans l’Evangile, Jésus-Christ manifeste une sollicitude pastorale qui pourrait nourrir la vie évangélique des fidèles.

Son enseignement est prononcé deux fois : de manière déployée puis de manière condensée.

Dans le récit déployé, le mouvement est simple : Le berger vient, un portier lui ouvre la porte, il entre par la porte, il appelle ses brebis, il les fait sortir puis il marche à leur tête, les brebis le suivent uniquement au son de sa voix comme des aveugles. Cependant un mystère demeure concernant la porte, et le lieu de la transhumance.

Par soucis pédagogique, Jésus va approfondir son propos dans la partie condensée.

La porte c’est lui et le lieu de transhumance c’est un pâturage.

Le pâturage fait directement écho au psaume 22 (23) : il est le lieu de repos, la nourriture de Dieu, la Demeure de Dieu.

Il y a un complément qui s’opère car le psaume 22 (23) décrit uniquement cette transhumance spirituelle, alors que l’Evangile raconte ce qui se passe avant.

Nous percevons une association entre l’image du berger et l’image de la porte.

L’une est centrée sur la voix, l’autre sur la dynamique de passage.

L’une semble cacher le mystère du Verbe éternel (Jn 1,1), l’autre le mystère du Verbe fait chair (Jn 1,13).

Ainsi c’est tout le mystère de l’Incarnation qui est ici annoncé ! Le Verbe éternel descend (Sg 18,14-15), il vient dans le monde (Jn 1,10).

Il entre dans le monde par la porte qu’est l’Incarnation !

Le Verbe se fait chair en Jésus de Nazareth. C’est le Verbe éternel qui se rend audible et qui appelle chaque homme à le suivre. C’est par Jésus de Nazareth que nous pouvons sortir de ce monde pour entrer dans la Demeure de Dieu.

La Résurrection est une expérience auditive avant d’être spectaculaire !

Par l’humanité du Crucifié nous pouvons voir et entrer dans la Lumière. Ainsi par fidélité, l’Eglise se doit de témoigner beaucoup d’humanité pour lutter contre cette culture du déchet, promue et vendue par bien des marchands de la mort.