Le travail est-il encore un trésor?
- bohleremmanuel
- 7 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mt 13, 44-52) pour le 17ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 30 juillet 2017.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 28 juillet 2017.

Alors que la fable du laboureur et de ses enfants se termine ainsi, en est-il de même avec l’Evangile où un trésor est aussi caché dans un champ ? De quel travail s’agit-il ?
Si le récit évangélique pourrait faire revenir à notre mémoire cette fable d’écolier ; il en cache pour autant à la fois dissemblance et ressemblance…
Ressemblance parce que c’est un récit initiatique où il y a un champ, un trésor caché que l’on cherche… Le langage parabolique fonctionne à merveille car le sens n’est pas immédiat…
Dissemblance parce que la finale n’est pas la même. Jésus ne fait pas directement l’éloge du travail, laissant ses auditeurs dans l’interrogation quant à ce que signifient ce trésor, cette perle et ce champ…
Dissemblance parce qu’il est question de vendre et d’acheter…
Mais que dire du travail des hommes? Attardons nous à cette dimension de l’Evangile qui sert à comprendre ce qu’est le Royaume des Cieux !
On constate que l’homme de la parabole trouve d’abord un trésor dans un champ qui n’est pas à lui. Est-ce un simple ouvrier agricole ? On peut noter son honnêteté car il aurait pu garder le trésor trouvé pour lui. Dans ce cas, il aurait fait un pieu larcin… Le trésor trouvé reste dans le champ !
L’homme devient ensuite un négociant. Il se met en quête d’une perle qu’il achète une fois trouvée.
Dans les deux cas, l’Evangile prend soin de noter que l’homme vend tout ce qu’il possède pour acheter ce bien. Dans les deux cas c’est une démarche honnête mais démesurée ! Car l’ouvrier agricole se retrouve uniquement avec son champ et son trésor, le négociant avec sa perle. !
Enfin l’homme devient un pêcheur dont l’image du filet à trier une fois de retour sur le rivage sert à raconter le Jugement Dernier. C’est-à-dire la séparation de ceux qui auront accomplis des œuvres de justice de ceux qui auront fait le mal.
Si la finale de l’Evangile nous révèle indirectement par la mention du terme scribe que le Trésor est l’Ecriture, quel sens donner à tout ce travail ?
L’Ecriture est alors associée à ce champ où elle est cachée ! N’est-ce pas une allusion au mystère de l’Incarnation où le Verbe de Dieu s’est fait chair de notre chair? C’est en travaillant activement ce champ qu’est la vie des hommes que le Dieu caché se laisse trouver. C’est dans la vie des hommes que peut se faire entendre la voix de Dieu. Œuvrer dans ce champ est gage d’approfondissement de la vie évangélique : voilà le fruit attendu de notre travail ! L’exigence évangélique nous montre bien que l’on ne peut séparer l’Ecriture du lieu où elle est cachée ! Pourquoi ?
Par amour de l’Ecriture, qui est cette perle précieuse de notre Trésor, les croyants sont invités à vendre tout ce qu’il possède ! Quel croyant pourrait dire que le bien le précieux qu’il possède au monde c’est l’Ecriture par laquelle Dieu se révèle ?
Exégèse et œuvres de justice sont en un fait un unisson !
Paul VI en clôturant le Concile Vatican II prononça ces mots qui nous permettent de saisir la profondeur de l’Evangile : « Si nous nous rappelons qu’à travers le visage de tout homme – spécialement lorsque les larmes et les souffrances l’ont rendu plus transparent – Nous pouvons et devons reconnaître le visage du Christ (Mt 25, 40), le Fils de l’homme, et si sur le visage du Christ nous pouvons et devons reconnaître le visage du Père (Jn 14, 9), notre humanisme devient christianisme, et notre christianisme se fait théocentrique, si bien que nous pouvons également affirmer : pour connaître Dieu, il faut connaître l’homme. »
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