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Crispation ou Christ-Passion ?


Commentaire d’évangile (Mt 16, 30-20) pour le 21ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 27 août 2017.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 25 août 2017.





Telle est la question sur le mystère concernant l’identité de Jésus de Nazareth.

Tout commence par la question « qui suis-je ? ».


La première réponse place Jésus dans la continuité des prophètes.

3 grands prophètes dont la parole était enflammée, accomplissant leur vocation qui est celle d’avoir la bouche remplie de la Parole de Dieu et d’annoncer tout ce qu’elle prescrit (Dt 18,18-20).

Elie enflammé contre le joug des prêtres de Baal (1 R 18,30-40).

Jérémie se lamentant sur l’infidélité du peuple envers la Loi du Seigneur (Jr 5,1-19).

Jean-Baptiste dénonçant les égarements du Roi Hérode (Mc 6,14-19).


Si les disciples comparent Jésus à ces 3 illustres prophètes, c’est sans doute parce que ses paroles leur font souvenir de l’Ecriture. Le ministère de Jésus est complètement enraciné et orienté vers l’accomplissement total de l’Ecriture.


Cependant la deuxième réponse, celle de Pierre, apporte un enrichissement et une nouveauté dans l’interprétation des termes de l’Ecriture.

En disant « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », sa réponse est double car Jésus est présenté d’une part comme le Messie. « Christ » étant la traduction en grec du mot hébreu « Messie », utilisée depuis le Septante (70 avant JC).

D’autre part il est présenté comme « Fils de Dieu ».


Bien que le Nouveau Testament utilise qu’en de très rares occasions le terme « Messie » au profit de « Christ », le sens qu’il lui confère dépasse celui que pouvait lui donner l’Ancien Testament.

Le Messie était attendu comme l’Elu de Dieu, qui par son onction devait répandre les dons de l’Esprit de Dieu (Ez 36,37 et Jl 3,1-2).


Par l’ajout de « Fils du Dieu vivant » on révèle l’identité du Messie qui ne sera pas simplement un homme.

Ici se joue l’identité de Jésus, à la fois vrai homme et vrai Dieu. « Christ » ne désignera plus uniquement le « Messie », mais tendra davantage vers la confession de foi en sa divinité.


L’expression commune « Jésus-Christ » n’atteste pas seulement que Jésus soit le Messie attendu, mais qu’il est avant tout le Fils de Dieu. Or c’est précisément sur cette nouveauté concernant l’interprétation du terme « Christ » que va se jouer le drame de la Passion, car scribes et pharisiens refuseront de reconnaître la divinité de Jésus.


Face à la réponse de Pierre, Jésus montre que cette confession de foi est un don du Père, qu’elle est l’œuvre de l’Esprit.

Puis Jésus va lui révéler le mystère de sa vocation. Une vocation puisée dans l’Ecriture, enracinée dans une prophétie d’Isaïe (Is 22,19-23). Alors que le gouverneur Shebna fuie devant le combat, s’enfermant dans des remparts augmentés afin de faire la fête, le prophète dénonce cette infidélité envers la promesse de Dieu. Il est critiqué pour être un mauvais pasteur et Eliakim sera investi pour le remplacer.

La description de l’investiture d’Eliakim fait pensée non seulement à la vocation de Pierre, mais aussi au dialogue que ce dernier aura avec Jésus après la résurrection lorsqu’il sera investi comme pasteur (Jn 21, 15-22).

Mais entre les deux il y aura l’épisode de la Passion où Pierre ressemblera curieusement à Shebna (Is 22,1-15), fuyant devant le combat, s’enfermant dans le confortable rempart du reniement pour préserver sa vie. Il ne pouvait plus regarder vers Celui qui était à l’œuvre !


La nouveauté évangélique est que malgré son infidélité, Pierre ne sera pas destitué !

Au contraire Jésus le confirmera comme Pasteur de l’Eglise, montrant que la Miséricorde précède la marque du péché et que l’appel de Dieu dépasse la faute.

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