Si Dieu pour nous s’engage, qui sera contre nous ?
- bohleremmanuel
- 7 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mt 22, 15-21) pour le 29ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 22 octobre 2017.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 20 octobre 2017.

« Impôt à César » (1646) par Antonio ARIAS (1614-1684)
Cette adaptation d’un extrait de la Lettre de saint Paul aux Romains (Rm 8,31-39) sur la musique d’un choral de Jean-Sébastien BACH (1685-1750), pourrait être le sentiment de confiance qui émanerait de l’Evangile.
Actualisant la prophétie d’Isaïe (Is 45,01) devant les Pharisiens, Jésus accomplit cette Promesse : « Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois ».
Le voilà en train de désarmer leurs stratagèmes. Parce que l’Esprit demeure sur Lui, Jésus sonde les reins et les cœurs et arrive à déjouer les combines. Mais qu’a-t-il entendu afin de pouvoir jeter la confusion dans cette haine typiquement Pharisienne ?
Il a entendu une flatterie dont l’ironie en deviendrait assourdissante.
Pourtant que décrivent-ils ces pharisiens, si ce n’est les caractéristiques propres du Messie attendu : un homme vrai, qui interprète l’Ecriture pour conduire à la sainteté, qui se met à l’écoute de l’Esprit pour voir ce qui est invisible et ainsi poser un juste jugement.
Et pourtant cette ironie vaut bien une confession.
Les Pharisiens se positionnent comme refusant l’identité de Jésus, sa nature divine et son élection : il n’est pas l’Elu, le Saint de Dieu !
Alors ils enrobent leur manque de foi en prenant Jésus en traite à partir de l’impôt.
La question de l’impôt (ou de la dîme) pose un problème religieux et surtout cultuel !
Le Livre du Deutéronome nous apprend que lorsque Dieu expose sa Volonté et le choix de son Election, il révèle la dîme comme ayant une vocation sacrificielle (Dt 14,22-29).
Suivant les années on offrait à Dieu un pourcentage de ses récoltes, ou alors on les déposait à l’entrée de la ville pour les veuves, les orphelins les immigrés et les Lévites qui étaient chargés d’assurer le culte.
Si le plus grand commandement est d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même, le rôle de l’impôt permettait de le mettre en pratique.
L’impôt semble être perçu comme un chemin de sainteté, pour qu’en fonction de ses moyens, on lutte contre notre égoïsme et que l’on permette de partager et de rendre viable la vie de ceux qui connaissent la précarité.
L’impôt est ici au service de la dignité de la personne.
Or si les pharisiens demandent à Jésus la légitimité de l’impôt à l’Empereur, il pose indirectement une question relative à l’obéissance de la Loi.
L’impôt à l’Empereur permet-il aux contribuables de rendre un culte à Dieu et de venir en aide à son prochain ?
Ou bien servira-t-il à financer les intérêts de l’Empire et de ceux à qui il veut en faire bénéficier ?
Même aujourd’hui la question demeure légitime en ce qui concerne une certaine éthique dans l’économie et dans l’utilisation du versement des contribuables.
En Pharisien Jésus aurait dû répondre non ! Il ne faut pas payer l’impôt à l’Empereur car ce dernier ne fait pas parti du peuple élu. On ne peut rendre un culte à l’Empereur sinon nous deviendrions apostats !
Mais Jésus demande l’aumône : donnez-moi une pièce !
Alors les Pharisiens se révèlent : ils sont compromis avec l’argent impur ! Ils poussent Jésus à se compromettre face à l’Autorité romaine mais lui, fait d’abord éclater leur propre compromission ?
Par sa réponse « Rendez à César ce qui est César et à Dieu ce qui est à Dieu », Jésus expose une juste interprétation de la Loi : l’impôt n’est pas la sainteté mais un chemin de sainteté !
C’est à chacun d’œuvrer pour que la contribution collective serve aux biens de tous et en particulier des plus démunis, et que l’amour du prochain nous permette aussi d’aimer Dieu de tout notre coeur et de toute notre force.
Alors à votre bon cœur m’sieux-dames !
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