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J’ai peine à vous suivre… On dirait que vous marchez immobile!


Cet article a été publié le 10 mai 2013 pour le journal hebdomadaire « L’Ami Hebdo ». Commentaire l’Evangile du dimanche 12 mai 2013: 7ème Dimanche de Pâques (Jn 17, 20-26).


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La « marche immobile » est peut-être cette clef poétique qui pourrait nous aider à comprendre le mystère même de l’Ascension, qui est cet « entre-deux », entre le temps et l’éternité. Cette expression provient du film « Orphée » (1950) de Jean Cocteau, au moment où Orphée descend aux Enfers chercher son épouse Eurydice.


D’ailleurs les évangélistes l’auront bien compris. Entre saint Luc et saint Jean, l’un comme l’autre regardent le mystère de cet « entre deux » comme une pièce de monnaie, se concentrant chacun sur une face en particulier. Saint Luc manifeste la « marche temporelle» des 40 jours de Jésus vers son Ascension, et saint Jean « l’immobilité éternelle» car au moment même de la Résurrection, Il monte au Ciel.

Comment comprendre le sens de cette « marche immobile », au moment où Jésus « passe de ce monde à son Père » ? Instant entre le temps et l’éternité ?

Tout d’abord Jésus prie ! Entre le temps et l’éternité il prie non seulement pour ses disciples avec qui il est en train de manger la Pâque, mais déjà pour tous ceux qui croiront en Lui, les croyants du futur. Il priait déjà pour vous! Mais Jésus nous révèle que pour croire en lui, il faut recevoir au préalable la parole de ses disciples. L’enseignement des Apôtres contenu dans le Nouveau Testament et l’interprétation de leurs successeurs sont le prélude à l’acte de foi ! Le mystère de l’Eglise précède la confession de foi personnelle des croyants.

Ensuite Jésus prie pour l‘unité des disciples. Entre le temps et l’éternité, cette unité reposera sur Lui seul! Jésus se présente comme « l’unique Médiateur » entre son Père et les disciples. C’est en Lui que l’on trouvera la communion humaine entre les personnes. Mais c’est aussi par Lui et avec Lui que l’on trouvera la communion spirituelle avec le Père. Tel est le mystère de l’Eglise, qui à travers le temps manifeste cette communion humaine en Jésus-Christ, mais qui par Lui et avec Lui, révèle également cette communion éternelle avec le Père. Cette « marche immobile » de Jésus nous invite à le suivre dans ce passage. Car pour accéder à la communion spirituelle avec le Père, il nous faut passer par la communion humaine. La vie fraternelle et humaine de l’Eglise est un passage obligé vers la communion spirituelle avec le Père. Un peu à l’image du baptême, où celui qui va être baptisé sera d’abord incorporé à la réalité humaine et communautaire de l’Eglise avant de professer librement la Foi dans laquelle il sera baptisé, l’ouvrant à la filiation divine…

Enfin Jésus se révèle comme l’aimant perpétuel ! Entre le temps et l’éternité, Il est celui qui sera toujours en train de nous aimer ! C’est dans son Amour que les hommes pourront vivre vraiment en fraternité. C’est par son Amour et avec son Amour que nous pourrons vivre en communion authentique avec le Père.

Pour Jésus, cela se passe lors de Repas Pascal, pour l’Eglise cela se perpétue à chaque messe. Surtout lors de la liturgie eucharistique. La prière eucharistique est ainsi le mémorial de cet « entre deux » ; entre le temps et l’éternité où Jésus nous élève avec Lui vers le Ciel. Peut-être nous arrive-t-il à la messe d’avoir cette pensée : « J’ai peine à la suivre cette prière eucharistique… ». Alors cette autre réplique du film « Orphée » pourrait nous aider : « …. Il ne s’agit pas de comprendre ! Il s’agit de croire ! ».

N’ayons pas peur de plonger dans ce mystère, même si nous n’avons pas pied !


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