Carême en couleurs ? Ou la mystique de l’arc-en ciel !
- bohleremmanuel
- 8 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mc 1, 12-15) pour le 1er Dimanche du Temps du Carême (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 18 février 2018.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 16 février 2018.

« Polyptique du Jugement Dernier » (1445-1450) des Hospices de Beaune,
« Fins Dernières… Purgatoire… Parlons-en!»
L’imposition des cendres du mercredi nous a remis sur un chemin de conversion pour croire à l’Evangile ; mais pour nous conduire où.
Répondre « Pâques » est aussi insuffisant que trop facile !
Lorsque les malades des Hospices de Beaune étaient soignés par des sœurs vouant leur vie à cette tâche, ils pouvaient voir de leur couche (dimanche et jours de fête) le retable Jugement Dernier (1443-1452) commandé au flamand Rogier Van Der Weyden (1400-1464).
Comme la Charte des religieuses, cette œuvre porte une dimension profondément théologique : les 7 Œuvres de Miséricorde inspirées par l’Evangile du Jugement Dernier (Mt 25,31-36).
Lors du Jubilé de la Miséricorde le pape François encouragea cette pratique.
Elle prend racine au sein de la réflexion concernant les Fins Dernières et le Purgatoire qui était très en vogue en ce début de XVème siècle. Il serait bon de dépoussiérer ces deux termes de tous les discours obscurantistes provenant de bien des héritiers des Lumières et autres.
La pratique des Œuvres de Charité était faite en vue des Fins Dernières (non pas acheter son salut mais recevoir pleinement ce que la foi nous donne : la Vie éternelle).
C’était aussi signe d’un chemin de purification.
Si l’amour nous pousse à agir concrètement, ce n’est pas d’abord pour ce qui se voit mais surtout pour ce qui ne se voit pas !
Saint Jean l’a très bien compris lorsqu’il écrit : « Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu « (1Jn 4,7).
Or la tentation est grande d’enfermer l’amour dans ce qui est trop terrestre.
C’est courir le risque de l’asphyxie et de l’obscurantisme où triompheront dans la vie publique comme privée le matérialisme, le consumérisme et la gestion humaine administrative.
Si Daniel BALAVOINE se demandait : « qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ? », nous pourrions lui répondre avec un esprit tout aussi insolent que décalé : les Fins Dernières et le Purgatoire !
Avec génie, le peintre flamand exprime discrètement cela par l’image de l’Arc-en-Ciel.
Sur lui repose le Christ en Majesté du Jugement Dernier.
Signe visible de la nouvelle Alliance entre Dieu et Noé après le Déluge (Gn 9,8-15).
L’apôtre Pierre commentera le Déluge comme une figure du baptême (1 P 3,18-22), mais que représente finalement l’Arc en Ciel ?
N’est-il pas une alliance entre de l’eau et de la lumière, les 2 signes magnifiés du baptême ?
L’eau nous rappelle que nous avons à purifier notre vie intérieure, notre agir.
Qui oserait se dire sans péché même au moment de sa mort ?
Qui peut aimer en vérité tout en n’ayant aucun ressentiment envers les bassesses de la nature humaine ? N’avoir aucun désir de purification est sans doute les traces d’un orgueil mal placé!
La lumière rappelle la foi au Christ mort et ressuscité à laquelle nous avons à croire pour obtenir ses Promesses.
Elle est l’idéal d’un amour à recevoir pour aimer en retour!
L’Arc-en-Ciel serait la plus belle métaphore, véritable aurore pascale de l’adage « convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,12-15).
Alors bon carême tout en couleur !
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