« Praeconium paschale » ou l’illumination d’un aveugle...
- bohleremmanuel
- 8 déc. 2020
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Commentaire d’évangile (Jn 20, 19-31) pour le 2ème Dimanche de Pâques (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 8 avril 2018.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 6 avril 2018.

Synagogue de Doura Europos (244-245)
Le 2ème dimanche de Pâques ne peut se réduire à une évocation piétiste de la Miséricorde qui malheureusement le dénature avec le temps.
Sa complexité est un trésor pour qui s’y attarde ; elle est un passage vers le culte nouveau.
Quelles étaient les fêtes qui rythmaient le moment où le mystère pascal se déroulait?
Les Passions de saint Marc, Matthieu et Luc nous disent que le 1er jour de la fête des azymes on demanda à Jésus où il voulait manger la Pâque (Mc 14,12 ; Mt 26,17-19 ; Lc 22, 7-13).
Selon le Livre du Lévitique (Lv 23,5-8) la fête de la Pâque se célèbre la veille à la tombée de la nuit (Ex 12, 43-51).
Le lendemain et pour 7 jours se célèbre la fête des azymes (des pains sans levain).
Le 1er jour il devait y avoir une assemblée sainte, ainsi que le 7ème jour.
Entre temps les fidèles ne mangeaient que des pains sans levain (Ex 12, 3-10).
Cette nourriture devait rappeler que le Seigneur les a libérés par la force de sa main. En même temps c’est un envoi vers la Terre Promise où ils devaient à nouveau pratiquer ce rite lorsqu’ils passeraient le Jourdain.
Le pain sans levain est à la fois mémoire d’un évènement passé mais aussi promesse d’avenir.
Ce rythme liturgique est la forme primitive de ce que l’on nomme une octave, c’est-à-dire une fête solennelle qui se prolonge pendant une semaine complète.
Il est troublant de voir comment l’Evangile porte en lui la marque du rythme liturgique de la fête des azymes.
Bien que la nouveauté par rapport à l’Ancienne Alliance réside dans le rythme centré exclusivement sur le jour de la Résurrection (1er jour de la semaine).
Compte tenu du Sabbat, la veille de Pâques correspondrait au Vendredi Soir comme le laisse entendre la Passion selon saint Jean (Jn 18, 1-19,42).
Les disciples (sauf Thomas) tiennent une assemblée le 1er jour de la semaine (lendemain du Sabbat), le soir où l’on a constaté le tombeau ouvert et vide (Jn 20, 19-23).
Ils reviennent 8 jours plus tard et tiennent une nouvelle assemblée (avec Thomas) comme pour marquer une octave (Jn 20, 26-29).
Le discours de Jésus lors de la 1ère assemblée porte la marque d’une interprétation nouvelle du pain sans levain. Il y a bien une libération : celle du pardon des péchés.
Cette libération vient d’une force : le don du souffle de l’Esprit Saint. Il y a un envoi : devenir témoin et ministre de la Miséricorde.
Nos humbles hosties, qui sont d’authentiques pains sans levain, deviennent pour les chrétiens la nourriture qui leur rappelle que le Christ les a libérés, pardonnés par la force de l’Esprit et qu’ils sont envoyés pour devenir levain de Miséricorde dans ce monde.
Voilà la nourriture pascale, véritable manne des enfants adoptés du Père!
Le discours de Jésus lors de la 2ème assemblée permet à Thomas de reconnaitre l’Agneau immolé.
Les marques de la Passion sont autant de signes qui attestent la Résurrection comme un don lié à l’offrande du mystère de la Croix.
Thomas a vu qu’il n’y a plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
Comme on offrait les premiers-nés (Ex 13 ,1-2), comme la fête de la première gerbe (Lv 23,9-14) où le lendemain du Sabbat on offrait la première gerbe de moisson en sacrifiant un Agneau sans tâche, le Père nous a offert le Fils Unique qu’il a engendré.
Le Fils nous a offert l’Esprit Saint, qui procède du Père et du Fils.
La fête de Pâques est alors une moisson trinitaire.
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