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Commentaire d’évangile (Jn 15, 9-17) pour le 6ème Dimanche de Pâques (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 6 mai 2018.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 4 mai 2018.

« L'Ascension » (1927), Chapelle de l'ossuaire de Douaumont (55)

par George DESVALLIERES (1861-1950)

Alors que les disciples bouleversés (Jn 14,1) vont être bientôt séparés de leur Maître qui sera arrêté, condamné et martyrisé ; jamais l’amour n’a été aussi audible et visible.

Audible parce qu’au sein de son ultime discours (Jn 13,12 – 17,01) Jésus adresse à ses disciples un Testament spirituel où comme une litanie, le refrain de l’amour est répété…. « Aimez-vous les uns les autres ».

Visible parce que le Seigneur par fidélité à son Père, va vivre ce commandement de manière radicale et indélébile, laissant un exemple… « Aimez-vous comme je vous ai aimé ». La Croix est le mémorial de cet Amour fidèle.

Audible par le Maître dès le discours qu’il prononça après avoir rendu visible le lavement des pieds.

S’il faut s’aimer les uns les autres comme il nous a aimé, ce geste prend une valeur initiatique. Mais est-ce un simple exemple philanthropique ou bien a-t-il une autre portée ?

Le lavement des pieds est là pour aider les disciples à entrer dans le mystère de son offrande. Grâce à l’Evangile de ce dimanche nous pouvons entrer dans ce mystère.

Cette offrande est d’abord une fidélité, en réponse à un Amour.

Le Christ répond fidèlement à l’Amour dont le Père l’a aimé le premier. Si le Christ nous a aimé, c’est pour faire comprendre de quel Amour le Père nous aime. Le lavement des pieds est alors une épiphanie de l’Amour du Père envers son Fils, un miroir de l’Amour trinitaire, un baptême !

Mais le Christ nous associe à cet Amour.

S’il nous demande d’aimer comme lui c’est pour nous révéler que l’amour du prochain est une réponse à un Amour divin. Grâce à lui on peut comprendre de quel Amour nous sommes aimés.

L’amour du prochain devient une médiation pour ouvrir les yeux à un Amour qui nous précède. Si la fidélité envers le prochain est une réponse à un don reçu alors elle se conçoit dans une attitude de réception.

Le commandement litanique du Seigneur peut ainsi se comprendre:

tu aimeras ton prochain parce que tu es aimé du Père.

L’amour envers le prochain deviendra une évangélisation permettant de faire découvrir comme nous sommes aimés.

Aimer comme le Christ, c’est au bout du compte rendre visible cette question posée à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu ? »

Cette offrande est ensuite un commandement qui nous garantit l’amitié du Christ.

Par 5 fois le Christ nous appelle à garder ses commandements (Jn 15, 10-12-14-17).

Pourquoi une telle insistance ? Une telle parole d’autorité aussi affirmée?

Est-ce par utopie face à la nature humaine et à ses impressionnantes contradictions ?

Ou bien est-ce par volonté divine de faire de l’amour du prochain quelque chose de comparable à un sacrement, une ascension qui nous révèle le mystère même de l’Amour dont nous sommes aimés ?

Comme si le Christ léguait à ses disciples un rempart pour protéger la dignité de toutes personnes.

Parce que l’autre à aimer, vers qui je suis envoyé, Dieu l’a choisi pour être le miroir où se reflète son visage.

Si telle est sa volonté, « que ta Volonté soit faite » !