L’abîme appelant l’abîme…
- bohleremmanuel
- 8 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mc 5, 21-43) pour le 13ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 1er juillet 2018.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 29 juin 2018.

« La femme hémorroïsse », Fresque du IVème siècle,
catacombe saint Pierre et saint Marcellin, Rome
...L’abîme appelant l’abîme ….
La suite de ce verset du psaume 41 (42) pourrait correspondre au mystère de l’évangile de ce dimanche : « Au long du jour, le Seigneur m’envoie son amour ; et la nuit, son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie. » (Ps 41 (42), 9).
Ce célèbre psaume, où la figure de cerf cherchant l’eau vive devient l’image du croyant qui espère en Dieu seul au milieu de l’aridité de sa vie, pourrait devenir la prière de Jaïre en faveur de sa fille et de cette femme hémorroïsse.
La construction narrative de l’Evangile pourrait parfaitement correspondre à cet « abîme appelant l’abîme ».
Il y a d’abord l’abîme de Jaïre où sa douleur le pousse à aller trouver le Maître. Il ne le touche pas, mais il lui demande de venir auprès de sa fille, sûr que par l’imposition de ses mains, le Seigneur enverra son amour en faveur de sa guérison.
Il y a aussi l’abîme de cette femme, souffrant de saignement depuis 12 ans. Suivant la Loi, elle est considérée comme une impure et cette disgrâce lui a valu la ruine. Elle ne parle pas au Maître, mais elle le touche sûre également en son for intérieur que par Lui, le Seigneur enverra son amour en faveur de sa guérison.
Face à la nuit de la fille de Jaïre à l’extrémité de sa courte existence, ainsi qu’à la nuit de solitude de la femme hémorroïsse, la prière ainsi adressée se tourne vers le Dieu de la vie, celui qui par sa Grâce guérit des blessures.
Le parallélisme et les inversions montrent la finesse de l’Ecriture où tout semble ciselé et affiné comme une pierre précieuse.
Parallélisme du chiffre douze, car il correspond à l’âge pour l’une et à la durée de la maladie pour l’autre.
Inversions car Jaïre parle au Maître afin que ce dernier touche sa fille pour sa guérison. Cette dernière a lieu dans l’intimité. Pour l’autre, la femme ne parle pas mais touche le Maître et sa guérison a lieu en pleine foule.
Les deux guérisons semblent complémentaires et l’une permet de comprendre l’autre.
Elles semblent décrire les deux faces d’un même mystère : la Résurrection.
La femme hémorroïsse sent dans son corps l’œuvre de la Grâce : elle touche « l’eau vive », la « source de la vie » et devient une création nouvelle par sa purification.
Son corps semble ressusciter !
La résurrection selon la chair implique cette transformation.
Quant à la fille de Jaïre, elle se réveille d’entre les morts et se lève pour marcher.
Ces deux guérisons actualisent ce que dit le Livre de la Sagesse : « Dieu n’a pas fait la mort. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. » (Sg 1, 13 et 23).
Dans l’un et l’autre cas l’œuvre de Dieu est ici au service de la vie.
Si le Christ est la « source de la vie », saint Paul a parfaitement compris la portée de son action lorsqu’il écrit aux Corinthiens : « Lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Co 8,9).
Ces deux guérisons qui sont la figure de la Grâce du baptême montrent comment le Christ se fait pauvre !
Comments