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Décidément la coupe est pleine !


Commentaire d’évangile (Mc 10, 35-45) pour le 29ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 21 octobre 2018.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 19 octobre 2018.




Ils portent bien leur surnom de fils du tonnerre (Mc 3,17) ces 2 fils de Zébédée face à leur audace.

Coup de tonnerre pour les 10 autres mais par sa réponse, Jésus déclenche un séisme !


Les 10 autres devaient penser que la coupe est pleine !

Oser demander à Jésus de siéger à sa droite et à sa gauche, il y a tout de même de quoi être indigné !

Après tout, peut-être sont-ils encore sous le charme de l’épisode de la Transfiguration (Mc 9, 1-9) où par privilège avec Pierre, ils ont pu voir leur Maître scintillant de gloire.

Peut-être pensent-ils que cette vision serait l’annonce de leur destinée : avec le Christ, entrer dans sa gloire (Ac 14,22)…


S’il y a une autre coupe qui est pleine, débordante, c’est celle que Jésus révèle par sa réponse dont il faut observer nuances et contours.


D’une part, il ne méprise pas la requête mais il demande s’ils en prennent conscience! Elle n’est donc pas déplacée mais salutaire car Jésus leur demande de consentir à une condition (Mc 10,38): accepter son baptême, c’est-à-dire de se conformer au mystère de sa Croix !


D’autre part, face à l’indignation des 10 autres, Jésus complète son enseignement (Mc 10, 42-45) permettant de comprendre le baptême dans lequel il va être plongé.

Il propose un lien avec la figure du serviteur mais pas n’importe lequel : le serviteur souffrant (Is 53) d’après le second Isaïe.

Il s’agit de la dynamique de l’abaissement et du sacrifice mais un sacrifice compris comme don total. Le mystère de sa mort devient le lieu convergent pour un accomplissement radical de toute l’Ecriture.


Ainsi pour entrer avec le Christ dans la gloire de sa Résurrection annoncée lors de la Transfiguration, il faut être baptisé : c’est-à-dire plongé dans le mystère de sa mort.

Il faut devenir un serviteur mais pas n’importe lequel : un serviteur souffrant où le don ne relèvera pas tant d’une grande émotion bucolique mais davantage de l’esprit de sacrifice. C’est-à-dire où celui qui se donne à conscience de ce qu’il laisse en arrière.


Aujourd’hui encore il faut reconnaître que les mots sacrifice ou encore abnégation sont davantage des expressions désuètes et archaïques que des vertus actuelles enseignées et vécues.

Même la plus part des théologiens et penseurs chrétiens dit « d’avant-garde » et qui désirent tant que l’Eglise se mette à la page, ont omis ou supprimés (volontairement ou non) la notion de Sacrifice.

Il n’y a que quelques électrons libres pour oser en parler.


Pourtant se mettre fidèlement à l’écoute de l’Ecriture nous amène au mystère de la Croix de Notre Seigneur. A moins d’être sourd, c’est elle seule qui donne sens à tous nos engagements dans cet esprit de détachement, comme jadis elle marqua notre front au baptême, à la confirmation et nos lèvres à chaque fois que nous communions.


Se donner en éprouvant dans notre existence ce que l’on laisse en arrière voilà une condition du disciple.

Mais notre siècle qui ne veut rien sacrifier de ses avantages et de son confort et où l’on serait prêt à toutes les compromissions pour l’obtenir, peut-il entendre un tel appel ?

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