Que reste-t-il de cet Amour ?
- bohleremmanuel
- 8 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mc 13, 24-32) pour le 33ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 18 novembre 2018.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 16 novembre 2018.

Que reste-t-il de ces beaux jours où le Seigneur Jésus sillonnait les routes pour y faire de nombreux disciples ?
Il faut reconnaitre que le ton apocalyptique de l’évangile selon Marc n’est pas facile à entendre et surtout à voir ! La narration de la première partie (Mc 13, 24-25) met en scène la fin de toutes les sources de lumières naturelles (soleil, lune et étoiles).
Ce ton apocalyptique replace le monde dans la ténèbre, comme en inverse du premier jour de la Création selon la Genèse. Un peu comme si le monde retournait à l’état initial, mais est-ce pour autant un cahot informe et vide ?
Où se trouve alors l’Esprit qui jadis planait sur les eaux ?
Le monde est dans la ténèbre et en plus, par effet d’accentuation, on dit que le Seigneur vient dans la nuée.
Si sa Gloire apparait dans la nuée, autrement dit personne ne voit rien puisqu’elle est l’image poétique de la nuit.
Comment reconnaitre la Gloire du Seigneur si nous sommes dans la nuit ? Nous sommes loin des manifestations de l’Ancien Testament où la Gloire de Dieu apparait en pleine lumière.
Tout aussi paradoxalement que cela puisse paraitre, nous sommes dans une « ténèbre lumineuse » comme dirait le mystique et Père de l’Eglise saint Grégoire de Nysse (331-394).
L’Evangile nous pose une question simple : si nous sommes dans les ténèbres, dans la nuit et que nous ne voyons plus rien, comment reconnaitre cette apparition du Fils de l’homme ?
C’est alors que la deuxième partie de l’Evangile nous est précieuse.
D’une part parce qu’elle utilise l’image du figuier (Mc 13, 28-29).
D’autre part parce que tout doit rester un mystère (Mc 13, 32) mais quel mystère ?
Avec l’image du figuier nous retournons au début de l’évangile selon saint Marc avec la parabole du figuier stérile (Mc 5, 21-43).
En prenant appui sur Is 5 ou Jr 7, le figuier tout comme la vigne est signe de la fidélité de Dieu envers son peuple impliquant une réciprocité.
A travers l’image des branches et des feuillages du figuier, l’évangile nous pousse à regarder les signes de fidélité.
Mais comment les voir si nous sommes plongés dans la nuit ?
C’est alors qu’intervient le verset central de cet extrait : « mes paroles ne passeront pas » (Mc 13 ,31).
Même si nous sommes dans la ténèbre, la nuit obscure, la Parole de Dieu est ici signe audible de fidélité.
C’est elle que nous devons entendre.
En sommes les signes de la fidélité de Dieu sont à entendre plutôt qu’à voir.
Être plongé dans la nuit devient une étape presque initiatique pour se dépouiller et se concentrer uniquement sur l’ouïe.
Pourquoi veillez-vous ? Qu’entendez-vous sinon une parole pour être guéri comme disait le centurion (Mt 8,8)!
La fidélité semble perçue comme un échange de consentement qui poétiquement se passe dans le noir et l’obscurité.
Dans cet état où nous sommes complètement désarmé, où nous ne pouvons que lâcher prise et où nous ne pouvons que rechercher une présence que l’on peut percevoir mais que l’on ne voit pas.
Et pourtant, même si nous ne l’aimons guère, cet évangile nous chante la beauté de la nuit comme lieu épiphanique où seule la Parole de Dieu devient ce qui dissipe nos ténèbres.
O mystérieuse nuit qui nous donne d’entendre ce que tant de prophètes ont voulu voir et entendre avant nous.
Si la Parole de Dieu devient lumière intérieure pour les croyants, qu’en sera-t-il pour nos paroles humaines ?
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