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Tant va la cruche à l’eau…


Commentaire d’évangile (Mc 14, 12-16.22-26) pour le Dimanche du Très-Saint-Sacrement (année liturgique B), célébrée cette année le dimanche 3 juin 2018.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 1er juin 2018.





Qui aurait cru que l’image de la cruche serait la porte d’entrée pour être initié au mystère eucharistique ?

Comment saisir ce mystère de la foi sans nous mettre à l’écoute de l’Ecriture ?

L’intelligence de la foi ne peut se passer de l’intelligence subtile de l’Ecriture concernant l’Institution de la Cène.

Comme les 2 autres synoptiques (Luc et Matthieu), l’évènement est daté : le premier jour de la fête des pains sans levain où l’on doit immoler l’agneau pascal.

Nous sommes en plein cœur de la Pâque juive.


Pourtant l’Evangile expose une erreur non négligeable car il compile 2 évènements pourtant bien distincts de la première Alliance (Ex 12, 2-18) : l’immolation de l’Agneau pascal devait se faire la veille du premier jour de la fête des pains sans levain.

L’un fait mémoire de l’œuvre de Dieu qui frappe les Egyptiens durant la nuit, l’autre de la libération au matin.

Il n’est donc pas possible d’immoler l’agneau pascal le jour de la fête des pains sans levain.


Les évangélistes, en associant l’image de l’agneau et du pain par cette apparente erreur de compilation dans la date, semblent vouloir apporter une interprétation nouvelle de la Pâque juive, comme si l’on présentait déjà Jésus comme l’Agneau immolé et le pain.

D’ailleurs l’Eglise ne présente-t-elle pas l’hostie (pain sans levain) en le désignant en même temps comme l’Agneau de Dieu ?


Puis l’évènement est localisé.

En scrutant l’Ecriture, il y a un mystère : on ne connait pas le nom du propriétaire et son adresse.

Ce mystère repose sur une rencontre.

L’Eucharistie est par excellence le mystère d’une rencontre !


Mais pour trouver le lieu il faut aller à la rencontre d’un inconnu que l’on reconnaitra parce qu’il porte une cruche. C’est un peu si on vous demandait de sortir dans la rue et l’homme que vous allez rencontrer aurait un téléphone portable!

Cependant, cet inconnu fait appel à une image biblique très forte qui a une double signification: la cruche.


D'une part, elle représente l’offrande que l’on devait déposer au pied de l’Arche de l’Alliance dans la Tente du Rendez-vous (Ex 16,34 et Dt 31,26). Elle porte le nom de cruche de manne et devait rappeler que Dieu nourrit son peuple avec le pain du ciel, cette fine croute apparue suite à l’évaporation d’une rosée (Ex 16,14). Signe d’abondance de nourriture pour les générations futures, tout comme les réserves eucharistiques de nos églises.


D’autre part, pour le prophète Jérémie (Jr 17-21) la cruche devient signe de fidélité envers la Loi du Seigneur. Ce prophète parle du vase d’argile dans les mains du potier (Jr 17), comme signe que Dieu nous façonne comme réceptacle de son Alliance. La cruche brisée (Jr 19) va devenir signe d’infidélité du peuple, mais en même temps lieu d’une réconciliation où sera scellée une nouvelle Alliance. L’Eucharistie rend présent la fidélité créatrice de Dieu à notre égard, elle est source de pardon.


Cette image nous fait entrer dans le sens du récit de la Passion, dans l’offrande du Christ qui donne sens à nos existences.

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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