Un Oratorio pastoral!

Libre commentaire de l’Evangile dimanche 7 juillet 2013: 14ème Dimanche du Temps Ordinaire (Lc 10, 1-12.17-20). Rédigé pour le journal hebdomadaire « L'Ami-Hebdo » au sein de l’édition du 5 juillet 2013.

« Oratorio » : œuvre lyrique représentée sans mise en scène, ni costumes, ni décors, composée pour voix solistes, chœur et orchestre, avec parfois un narrateur, dont le sujet est le plus souvent religieux. Imaginez que cette scène biblique selon saint Luc, serve de trame littéraire à un librettiste et à musicien pour composer un Oratorio…

Cet Oratorio serait « pastoral » car Jésus y révèle sa conception du ministère apostolique. Pour les personnages nous aurions Jésus, à la fois soliste et narrateur. Les 72 disciples pour constituer un chœur. L’orchestre quant à la lui pourrait illustrer le rôle des démons.

Le livret donnerait la primeur à l’enseignement de Jésus pour qui le ministère a un but unique : préparer sa venue. Ceux qui sont envoyés ne sont pas là pour se prêcher eux-mêmes, mais doivent préparer la visite de Jésus, rencontre personnelle et intime avec Lui.

Pour accomplir cette visée, Jésus donnerait quelques recommandations. Tout d’abord, il faut partir dépouillé, tel un agneau sans défense! Sans aucune sécurité, ni même un plan de bataille. Ensuite il convient d’être un ami de la paix, qui sache humblement vivre de l’hospitalité des autres. Il ne convient pas d’être difficile et d’avoir des exigences personnelles à mettre en avant. Jésus répète par deux fois, qu’il faut manger et boire ce que l’on nous sert. Il souhaite vivement que les disciples vivent dans l’esprit de l’hospitalité d’autrui. Pour rencontrer l’autre, je dois vivre avec lui, acceptant ce qu’il m’offre, me rendre dépendant. Enfin, Jésus encourage à guérir les malades et annoncer le Règne de Dieu, même s’il y a des refus ! Cela encourage à cultiver l’attention aux plus faibles, et à témoigner de la miséricorde de Dieu, qui va au-delà de nos enfermements. Même si nous sommes un « peuple à la nuque raide », la Miséricorde et le Royaume resteront ouverts pour nous, à notre porte, dans la mesure où nous-même voulons en franchir le seuil. En dernier lieu, Jésus demande de ne pas s’enorgueillir, mais de rester en tenue de service. Paix, simplicité, humilité, hospitalité altruisme, attention aux faibles, serviteur pourraient résumer les recommandations de Jésus pour ceux qu’il a appelé et envoyé en mission pour préparer sa venue.

Pour agrémenter notre Oratorio, le librettiste pourrait proposer un texte au chœur qui représente les 72 disciples, lorsqu’il revient de mission. Pourquoi pas le psaume 119 ? Ce dernier est un magnifique résumé de tout ce que Jésus a pu enseigner au moment de partir en mission. Nous y retrouvons cette simplicité de vie, l’attachement à marcher sur le sentier du Seigneur en étant attentif à sa Parole et fidèle à faire le bien. Le psaume nous donnerait de saisir le sens de la poussière du sol secouée…

Comme touche finale, le compositeur pourrait demander à l’orchestre de faire entendre des « contre chants » lorsque les personnages chanteraient leurs parties. Le contre chant orchestral pourrait suggérer, sans le dire, un élément biblique important : les recommandations de Jésus ne sont autres que celles-là mêmes que Jean Baptiste donna à ses propres disciples lorsqu’il baptisait et que l’on retrouve au début de l’évangile (Lc 3, 7-18). Ces contre-chants pourraient faire « entendre » ce que le texte ne dit pas explicitement : les disciples accomplissent l’enseignement du dernier des prophètes ! Même si Jésus inaugure un ministère nouveau, il met les pas de ses disciples dans ceux de son précurseur. Ces contre-chants pourront mettre en lumière le but unique de tous ministères : « préparer la venue du Seigneur » !

Il ne nous reste plus qu’à composer ensemble cette page biblique, pour l’interpréter en vérité.