Il se tient au milieu de vous, Celui que vous ne connaissez pas !
- bohleremmanuel
- 9 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Jn 1, 29-34) pour le Dimanche du Baptême du Seigneur (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 13 janvier 2019.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 11 janvier 2019.

« Moïse et le Buisson Ardent » (1642-1645),
Telle serait l’exclamation d’émerveillement que les croyants pourraient mettre sur les lèvres en mémoire du mystère baptismal.
A la lecture de l’Evangile nous pourrions nous émerveiller de l’entrée en scène du Seigneur en reprenant chaque étape progressive de la narration.
Le récit commence par l’expression liturgique « en ce temps-là ».
Cela renvoie à Lc 3, 1-2 où l’évangéliste situe le temps du récit.
Nous sommes en l’an quinze de l’Empereur Tibère, mais cette année est avant tout le début du ministère du Baptiste qui annonce un baptême de conversion.
Autour de la prédication du Baptiste un peuple se constitue.
L’évangéliste ajoute qu’il est dans l’espérance (Lc 3,15) mais quelle espérance ?
Nous pourrions alors penser à la célèbre prophétie d’Isaïe (Is 9,1-6) que l’on chante à Noël : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière, sur les habitants du pays de la mort une lumière a resplendi… Le bâton de son oppresseur tu le brisas comme au jour de Madian… ».
A travers l’allusion allégorique du passage de la Mer Rouge et de la libération de l’esclavage, le peuple espère peut-être tout simplement vivre et voir disparaître l’oppression d’un pouvoir corrompu en la figure d’Hérode.
La figure du Baptiste devient alors la cristalisation des espoirs temporels de ce peuple rassemblé autour de sa prédication.
Mais Jean-Baptiste propose un autre point de vue : il va déplacer le regard pour conduire à une démarche d’intériorisation.
Tout d’abord il va annoncer que quelqu’un d’autre va venir en prenant soin de ne pas donner son nom.
Paradoxalement, le Baptiste révèle en mettant un voile ; il garde le suspens de son auditoire.
Mais il donne des indices précis : celui qui vient sera le Fort.
Ensuite ôter les sandales est un rappel de l’épisode du Buisson Ardent (Ex 3,1-8) où Moïse dû se déchausser à cause de la sainteté du lieu. La courroie des sandales signifie aussi dans l’imaginaire biblique les liens de la mort, ainsi délier la courroie des sandales c’est délier de la mort.
Celui dont on ne sait le nom est à la fois le Saint, le Fort, le Libérateur : bref c’est un nouveau Moïse qui va consacrer et graver le cœur de son peuple par le Feu de sa Parole.
Puis l’évangéliste nous signale que Jésus se trouve au sein de ce peuple rassemblé, et comme tous les autres il reçoit le baptême de Jean-Baptiste comme un anonyme.
Après le baptême dans l’eau, Jésus se recueille et advient une Epiphanie où il est consacré dans l’Esprit : passage entre l’ancienne et la nouvelle Alliance, faite à la fois de continuité et de rupture.
En cachant son nom, l’évangéliste met avant tout en lumière l’humanité de Jésus de Nazareth comme étant cette Terre de promesses d’où jaillira le Salut, d’où se fera entendre la parole de libération.
C’est au cœur du peuple rassemblé qu’est l’Eglise que se cache aujourd’hui encore la source de toutes les espérances.
La Lumière de Dieu n’est plus au ciel mais cachée dans le mystère de l’Eglise malgré ses indignes faiblesses.
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