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Il m’a choisi dans mon indignité…


Commentaire d’évangile (Lc 5, 1-11) pour le 3ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 10 février 2019.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 08 février 2019.


Feu Nouveau, Charbon Ardent, Veillée Pascale…



Telle est l’exclamation de la Nuit de Pâques que le diacre chante à travers l’Exultet. Il prend conscience que ses lèvres sont impures pour annoncer une telle merveille.


Au cœur de la Nuit Pascale, l’Eglise fait mémoire de ce constat des premiers disciples : qui suis-je face à tel mystère ?

C’est le cas de Pierre face à l’enseignement de Jésus sur la barque : il exclame son indignité ! « Eloigne-toi de moi Seigneur, je suis un homme pécheur » (Lc 5,8).


Pierre fait l’expérience de la parole de Jésus de Nazareth : après son discours ce dernier se clôture par la pêche miraculeuse.

Son enseignement dont on ne connait pas un mot, semble trouver une concrétisation dans cette demande de jeter les filets.


Pierre ne semble pas comprendre la portée du discours, ni même du geste : mais il fait confiance à cette parole, il obéit.

Cette obéissance lui ouvre les yeux : celui qui parle n’est pas seulement Jésus de Nazareth, mais le Christ, le Fils du Dieu vivant, Celui qui vient dans le monde (Jn 11,27).


Comme Jean-Baptiste, Pierre s’efface et se reconnait pécheur.


Comme le récit de la vocation d’Isaïe (Is 6,1-8), il y a dans ce passage d’Evangile une Epiphanie du Verbe de Dieu.

Isaïe entend la voix de Dieu dans une expérience quasi rituelle et liturgique : les anges sont là, l’encens brûle à souhait, la Gloire de Dieu se manifeste dans une Nuée où une véritable louange est adressée.

Isaïe prend conscience de sa faiblesse, mais ses lèvres sont purifiées afin d’être rendu digne de devenir « Porte-Parole » d’un tel mystère.

Dieu le purifie dans le mystère de sa Parole : qui pourrait tenir devant une telle fidélité ?


Dans l’Evangile nous ne sommes plus dans le Temple mais au bord du lac ; bien qu’il y ait la même symétrie.

La Gloire de Dieu et la Nuée font place au quotidien d’une vie de pêcheur.

Jésus se met à l’écart de la foule, dans une barque et sur le lac comme en séparation…

La foule l’écoute mais de loin, comme si sa parole venait d’ailleurs.

Il n’y a plus d’encens, ni d’anges, ni de louanges, mais une multitude de poissons…


A la vue de ce signe, Pierre reconnait que le Verbe de Dieu parle à travers la voix de Jésus de Nazareth : il se confesse et reconnait sa faiblesse!


Il y a aura bien un charbon ardent qui le purifiera : celui-là même allumé au Ressuscité qui lui souffle sa Miséricorde pour la mission qu’il lui confie au travers de son ministère apostolique.

Pour travestir un psaume : « il jette à poignet des glaçons, devant ce froid qui pourrait tenir » (Ps 147,17), nous pourrions nous exclamer : « il jette à poignet des charbons, devant cet Amour qui pourrait tenir ? »


Sur un charbon ardent puisé au Feu Nouveau, le cierge pascal est allumé.

Il guide la marche du peuple rassemblé...

et le diacre chante l’annonce de Pâque près de lui en se reconnaissant pécheur.


Qui aurait pu croire que ce rituel propre et unique de la Veillée Pascale serait pour les croyants l’occasion d’actualiser le mystère évangélique de ce dimanche ?


Et faire de nos assemblés, les bords d’un lac d’où commence une aventure radicale et décisive.

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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