Il fallait Osée avant d’écrire une chose pareille !
- bohleremmanuel
- 10 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Lc 13, 22-30) pour le 21ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 25 août 2019.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 23 août 2019.

« Caïn et Abel » (1608-1609), Pierre-Paul RUBBENS (1577-1640)
Et non ! Le Salut n’est pas un dû !
Cet Evangile fait grincer des dents ceux qui dorment paisiblement sur cette douce certitude : Dieu est Amour ? Donc il ne peut que sauver tout le monde sans restriction !
L’Evangile est assez décapant pour passer au vitriol les théories les plus avant-gardistes de tous ceux qui n’ont qu’une hargne de vouloir faire progresser l’Eglise !
En un siècle d’individualisme presque mégalomane, comment Dieu peut-il encore être libre de sauver comme bon lui semble, face à une humanité dont la désinvolte audace le pave de si bonnes intentions !
L’Evangile parle de séparation, de détermination : scandaleuse injure dans une époque de relativisme où tout se vaut. Il est plus à la mode de penser bleu la veille, blanc aujourd’hui et rouge le lendemain, que de se déterminer à prendre une voie en essayant d’y être fidèle.
Comment comprendre ?
L’évangéliste met d’abord en scène la fermeture d’une porte : signe d’un culte désagréable à Dieu (Ml 1,10) mais aussi de séparation entre ce qui est pur et impur (Lv 14, 46).
L’évangile met ensuite en scène une séparation. Dieu semble mécontent de certaines personnes, qui étant déjà exclu, se défendent en prétextant d’avoir participé au repas du Seigneur et d’avoir entendu son enseignement. Nous retrouvons la dynamique cultuelle des 2 Tables (la Parole et le pain), mais le culte n’a pas empêché cette séparation. Quelle est la racine de cette impureté ?
La pointe de l’évangile est dans cette désignation : le lien indissoluble entre pratique cultuelle et pratique de la justice.
Osée osa l’affirmer : « Je veux la fidélité, non le sacrifice. » (Os 6,6) ou bien « Je le rejette, ton veau, Samarie ! (…) Refuseront-ils toujours de retrouver l’innocence ? (…) Ils offrent des sacrifices pour me plaire et ils en mangent la viande, mais le Seigneur n’y prend pas de plaisir. Au contraire, il y trouve le rappel de toutes leurs fautes. » (Os 8, 5-13).
A la lumière d’Osée, l’Evangile ne fait que rappeler le mystère de toute personne selon la Genèse : Après avoir mangé à l’Arbre de la connaissance du Bien et du Mal, les portes du Paradis furent fermées à Adam et Eve (Gn 3, 21-24). Puis nous avons immédiatement le récit du meurtre fratricide d’Abel par Caïn causé en pleine démarche cultuelle d’offrande de bétails (Gn 4, 1-8).
Pour vivre le culte et la pratique de la justice il faut se déterminer !
Discerner pour se séparer du Mal !
Nous avons reçu de nos anciens parents le fruit de la connaissance du Bien et du Mal, alors n’ayons pas peur de l’approfondir pour ne pas reproduire tant de meurtres !
Mais l’Evangile va plus loin.
Malgré la porte fermée et la séparation, il y a bien un repas pour les 4 coins du monde : signe de générosité et de gratuité totale de la Grâce !
Tout le monde est invité mais qui répondra ?
Se séparer du mal, pratiquer la justice, rendre un culte à Dieu c’est une chose ; mais le Salut c’est autre chose.
A Dieu seul la volonté de donner généreusement son Pain de vie, fruit de l’Arbre de Vie qu’est la Croix de son Fils.
Heureux les invités mais restons vigilants !
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