Sa chaleur brûle comme de la glace

Commentaire d’évangile (Lc 21, 5-19) pour le 33ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique C), célébrée cette année le dimanche 17 novembre 2019.

Commentaire publié dans le journal hebdomadaire l’AMI HEBDO, au sein de l'édition du 15 novembre 2019.

« Feu de glace » , de Kim KELLY (1991-)

Lorsque la fin de l’année liturgique approche, les lectures deviennent de plus en plus incandescentes mais paradoxalement leurs contenus ont de quoi nous glacer le sang !

Paroles de feu…

Où commence à se marquer au fer rouge la future chute de Jérusalem et la destruction du Temple (70)…

Paroles de glace…

Où l’on décrit avec des détails d’une précision de témoin oculaire, la persécution des chrétiens de Jérusalem en 64 et le martyr de saint Jacques le Majeur en 62, comme si l’on portait encore une mémoire vive et ardente des faits…

En tous cas elles semblent plus précises, plus engagées et plus intéressées que l’annonce de la chute de Jérusalem.

Les chrétiens ont été brûlés dans leur chair par la glace et la sueur froide d’une haine insensible, autant hérodienne que romaine !

Mais reprenons plus en détail la progression de cette annonce apocalyptique de la part de Notre Seigneur, pour ne pas tomber dans ce leitmotiv, devenu si récurrent et bien souvent trop hâtif, où l’on s’imaginerait que Jésus serait encore en train de critiquer les richesses.

Laissons de côté cette forme de complexe anti-richesse bien de notre époque pour s’attacher à l’Ecriture.

Bien que tout commence au Temple et que l’on regarde la splendeur de cet édifice considéré comme une merveille du monde, Jésus interpelle d’abord ses disciples par une parole de feu, empruntant le ton des prophètes de l’Ancien Testament.

Il n’est certainement pas le premier à annoncer destructions et catastrophes concernant Jérusalem.

Il suffit de penser à Jérémie (Jr 29,3 et 37,33), Ezéchiel (Ez 4, 1-3 et 21-22), Nahum (Nh 3,10), Osée (Os 10, 14) pour s’en convaincre.

Par ses paroles de feu vis-à-vis du Temple, Jésus se situe radicalement dans une tradition prophétique pour appuyer l’autorité de ce qu’il annoncera par la suite : capter ses disciples vers une autre réalité qu’une critique de la richesse.

Car avant cette potentielle destruction, Jésus expose d’abord ce que sera la persécution des chrétiens !

Parole de glace qui aurait de quoi calmer les ardeurs d’un enthousiasme par trop charismatique.

Mais Jésus nous propose l’arme de la fidélité pour tenir bon. Il est plus soucieux de notre devenir de chrétien, que de la beauté de la Maison de son Père !

Et pourtant l’annonce de la destruction du Temple de Jérusalem ne semble qu’un prétexte pour annoncer la destruction d’un autre Temple, celui-là même des chrétiens qui sont l’Eglise, le Corps du Christ.

S’il est un fait chronologique que l’Evangile semble souligner c’est que le Temple de chair fût détruit avant le Temple de pierre !

La persécution de la communauté chrétienne de Jérusalem devança la destruction de son Temple !

Mais au cœur de l’affliction Jésus nous révèle la grandeur du chrétien.

Qu’il soit riche ou pauvre, c’est le chrétien qui constitue la vrai richesse de l’Eglise ;

et par sa vie de foi, d’espérance et de charité, son inestimable ornement!

Alors rendons grâce et prions pour ces martyrs d’hier et d’aujourd’hui,

qui en guise d’ex-voto,

ont laissé leur sang versé !