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Pour du contraste... C’est du contraste!


Cet article a été publié le 27 septembre 2013 pour le journal hebdomadaire « L’Ami Hebdo ». Commentaire l’Evangile du dimanche 29 septembre 2013: 26ème Dimanche du Temps Ordinaire (Lc 16, 19-31). Il s'agit de la célèbre péricope de Lazare et du mauvais riche.


Tel est le procédé narratif qui caractérise cet Evangile, dont la force réside en cette capacité lucanienne de gérer les extrêmes. Car après tout c’est bien l’Evangile des extrêmes !


Nous avons un riche, avec de beaux vêtements, qui mangent avec autant de volupté et dont sa table doit être aussi esthétique que ses parures. A coté de lui, en contraste, il y a le pauvre Lazare dont les détails lui confèrent un aspect peu esthétique, voir repoussant : couché à la porte avec des plaies… Est-il encore considéré comme un homme ?

On ne dit pas que Lazare est en train de mendier, mais qu’il voudrait manger le surplus qui tombe de la table. En contraste avec ce désir humain, il se fait lécher les plaies par des chiens. Insulte, rejet et humiliation par excellence. Lazare est-il encore un homme ?

Est-ce que l’on avait seulement remarqué la présence de Lazare, tant l’Evangile laisse suggérer que personne ne savait qu’il était là. La luxure démonstrative de l’un rend aveugle et sourd, face à la souffrance inhumaine et cachée de l’autre. A travers le pauvre Lazare, on pourrait presque y voir le Serviteur Souffrant annoncé par le Prophète Isaïe… Et à travers ce même Serviteur Souffrant, y voir Jésus lui-même dans le mystère de sa Passion… Lui qui était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme à cause de ses plaies ; rejeté, méprisé, et mort quasiment seul…

Mais n’est-ce pas Jésus qui a dit : « Qui s’abaisse sera élevé, qui s’élève sera abaissé » ? Cette sentence devient réalité au moment de la mort respective de Lazare et du riche. Car Lazare humilié durant sa vie, abaissé et oublié, est directement conduit dans le sein d’Abraham : il devient juste parmi les justes. En plus il est à coté d’Abraham, prenant la posture d’un fils. En contraste, le riche exalté à cause de la rutilance de sa vanité, est enterré et va au séjour des morts pour y être torturé !

Dans son abaissement, l’homme riche fait une curieuse demande à Abraham… Que Lazare soit envoyé pour y apporter de l’eau avec son doigt, pour lui rafraichisse la langue. A travers cette demande, on peut presque y voir un résumé de la mission de Jésus, inauguré dans la synagogue de Nazareth, lorsqu’en citant le même Isaïe il affirmera que l’Esprit repose sur Lui, qu’il l’a envoyé pour apporter la consolation. L’eau peut représenter ce don de l’Esprit, l’adoucissante fraicheur ; et Lazare lui-même la figure de Jésus-Christ. C’est à la Trinité entière que l’homme riche parle sans le savoir, et c’est la Trinité qu’il n’a pas su voir durant sa vie, en négligeant le pauvre! Abraham qui lui répond par « mon enfant » devient alors la figure du Père. Quelle contraste avec nos visions trinitaires!

La suite du texte est en parfaite cohérence, avec l’ensemble de l’Evangile de Luc. Car Jésus dira après la Résurrection aux disciples d’Emmaüs « comme votre cœur est lent à croire ce qu’on dit les Prophètes ». Abraham renvoie l’homme riche et ses descendants aux Ecritures. Ceux sont les Ecritures qui nous aideront à comprendre et à se convertir ! C’est l’explication des Ecritures qui nous dilatera le cœur pour y reconnaitre la Présence du Seigneur. Mais ici ce n’est pas encore dans le Pain eucharistique. C’est déjà dans le pauvre que Jésus est présent, et à travers lui, c’est toute la Trinité qui se donne !

Ce récit exalte l’humilité d’un Dieu Père qui n’a pas eu peur d’envoyer son Fils et de se montrer à l’homme dans le visage des plus faibles, pour que l’Esprit donné dilate le cœur, pour que la charité source de toutes consolations humaines deviennent, en même temps un lieu d’adoration !


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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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