Aveugles oui… Mais pas sourdes!
- bohleremmanuel
- 15 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Jn 10, 22-30) pour le 4ème Dimanche de Pâques (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 3 mai 2020.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO, au sein de l'édition du 30 avril 2020.

« Aveugle né »,
Fresque XIème siecle de la Cathedrale Santangelo in formis à Capoue
Telle devrait être la qualité physique des brebis pour mettre en pratique cet enseignement évangélique.
Aveugles car ce ne sont plus leurs yeux qui vont leur permettre de trouver la route à suivre…
L’ouïe semble être la qualité requise.
Si le Berger marche devant ses brebis, elles ne recherchent qu’une seule chose : entendre sa voix ! (Jn 10,4)
Peu importe d’avancer comme si elles ne le voyaient pas, l’oreille seule sert de guide.
L’Evangile plonge nos sens dans l’obscurité pour renforcer notre écoute intérieure.
La voix du Berger sera la lumière qui dissipera les ténèbres.
Après un temps de confinement et ce non moins complexe déconfinement qui se prépare, nous avons plus que jamais besoin de la voix intérieure de notre Maître.
Face à l’inédit nous admettons, humblement et parfois difficilement, que nous sommes devenus des « aveugles marchant à tâtons »,
tant nous ne savons pas trop où nous allons, face à tant de zones d’ombre.
Aveugles sur les caractéristiques de ce virus qui nous échappe toujours autant.
Aveugles sur la question de test, d’une immunité collective ou vaccinale.
Aveugles sur les modalités d’un déconfinement pour éviter un surcroit de contamination.
Aveugles sur la reprise de nos pays qui laisse bien interrogative les économistes et autres personnes de gouvernement face à une crise.
Aveugles sur l’étendus du désastre et du nombre de personnes qui ont succombées.
Pour avancer avec sérénité sur ce long chemin enténébré, nous avons besoin d’une aurore pascale : elle brille déjà !
Le Verbe éternel a laissé le vestige de ses empreintes à travers l’Ecriture.
Il nous parle à travers elle.
Alors dans cette nuit obscure, écoutons-le !
Jamais la Lettre de Pierre qui accompagne le temps pascal n’aura été d’un tel secours.
Ecrite dans un temps où si Jésus-Christ était déjà dans la Gloire de son Père, les premières communautés souffraient dans la durée persécutions et autres maux.
Pourtant Pierre trouve les mots pour soulager ces maux.
« …Si vous supportez la souffrance pour avoir fait le bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu. C’est bien à cela que vous avez été appelés, car c’est pour vous que le Christ a souffert »
Ce verset est difficile à entendre car on pourrait croire que la souffrance serait une grâce aux yeux de Dieu, puisque le Christ a souffert.
Or c’est continuer de faire le bien malgré la souffrance qui est une grâce !
Au lieu de maudire et de succomber à la désespérante amertume, dans sa souffrance ultime, le Christ a pardonné : signe d’un amour qui a déjà vaincu la mort, aurore d’une résurrection.
Pierre continue : « Lui-même a porté nos péchés, dans son corps, sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice ».
Le témoignage pascal sera l’engagement indéfectible envers la Charité.
Notre souffrance, notre amertume, notre solitude sont des lieux nouveaux de tentations, de désespérance.
Pourtant, c’est là que nous aurons à croire et à aimer.
Peu importe le tunnel que nous traversons vers la Vie éternelle, persévérons dans l’amour ! Alors nous deviendrons lumière dans ces ténèbres.
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