Alternance évangélique
- bohleremmanuel
- 15 déc. 2020
- 2 min de lecture
Commentaire d’évangile (Jn 20, 19-23) pour le Dimanche de la Pentecôte (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 31 mai 2020.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO, au sein de l'édition du 29 mai 2020.

« L’ascension » (1801) de Benjamin WEST (1738-1820)
Un vent nouveau souffle sur la petite Eglise du Cénacle faisant sauter bien des obstacles.
Que l’on soit dans la perspective lucanienne des cinquante jours après Pâque, ou bien dans la perspective johannique où ce mystère eut lieu le soir même de la Résurrection, la Pentecôte est très ritualisée.
Le don de l’Esprit émane d’une alternance entre paroles et gestes.
Si la pandémie suggère de ne plus vivre comme avant, la crise du Covid-19 a donné un élan de jeunisme à bien des avant-gardistes qui en profitent pour resservir leur vieille interprétation routiniaire d’un nouveau printemps, d’une nouvelle Pentecôte, d’une Eglise enfin libérée et qui ne fera surtout plus comme avant !
(Au bout de 50 ans de combats, il est bientôt de temps…)
Cet étendard si « politiquement culturelle » où il faut s’affranchir indirectement de toutes Institutions est-elle bien la Pentecôte selon les Ecritures ?
Pour cela écoutons-les!
S’il est un fait biblique absolument certain : la Pentecôte est mystère on ne peut plus médiatisé.
D’après les Actes des apôtres, au cours d’un repas Jésus promet le don de l’Esprit et disparait.
Cette communauté perpétua ce rassemblement pour la prière, pour l’écoute de l’Ecriture et l’interprétation qu’en fait Pierre, pour la fraction du pain.
Le souffle de l’Esprit a jaillit de cette assemblée qui s’est d’abord structurée par la dynamique du rassemblement, de l’écoute de l’Ecriture, de l’acte mémoriel des gestes laissés en testament.
Cette communauté d’abord rassemblée sera envoyée.
La Pentecôte n’est donc pas ce doux rêve d’un souffle qui nous débarrasserait de toutes contingences : elle ne peut correspondre en aucune manière à cette conception de la liberté sans contraintes.
Cette réalité biblique de la Pentecôte ne peut que rappeler la blessure encore ouverte de biens des chrétiens confinés qui ne pouvaient se rassembler.
Que le souffle de l’Esprit devienne alors un baume précieux, une adoucissante fraicheur pour une Eglise qui a souffert de cette absence.
Chez Jean, le don de l’Esprit passe aussi par la méditation d’un rituel en trois étapes.
Jésus parle (la paix soit avec vous)
puis accomplit un geste (il montre ses mains et son côté).
Ensuite il parle à nouveau (la paix soit avec vous) puis accomplit un autre geste (il souffle sur les apôtres).
Enfin il prononce une invocation et envoie en mission.
Cette alternance entre gestes et paroles semble mettre en évidence la place centrale de la Croix comme lieu d’accomplissement et de promesse à venir.
Des vestiges de la Passion a jaillit la paix de Dieu, le don de l’Esprit, le pardon des péchés.
A travers les morts de cette pandémie, les terribles conséquences humaines et économiques, la Croix demeure, laissant des plaies bien profondes. Pourtant, c’est de là que jaillira pour nous aujourd’hui la paix intérieure, le souffle de vie, la consolation.
La Pentecôte biblique nous invite à poser un regard pascal sur les stigmates de cette pandémie.
Jamais le souffle de Pentecôte n’aura autant rimée avec cicatrisation !
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