Bienheureuse médiation, grâce d’une fécondité !
- bohleremmanuel
- 15 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mt 10, 37-42) pour le 13ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 28 juin 2020.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO, au sein de l'édition du 26 juin 2020.

« Elisée et le fils de la Sunamite » (1904), de Jan SLUIJTERS (1881-1957)
L’Evangile chante la profondeur du mystère de l’Incarnation et l’absolu nécessité des relations humaines.
Boussole post-pandémique indispensable !
« Quand la stérile enfante 7 fois, la femme aux fils nombreux dépérit ! »
C’est par ces mots du cantique d’Anne (1 Sm 2, 1-10) mère du prophète Samuel, que l’on peut comprendre cette magnifique parure biblique dominicale, ciselée avec finesse, exigence et radicalité.
Anne était stérile, comme bien des femmes dans l’Ecriture Sainte…
Que ce soit Anne, la mère de la Vierge Marie,
Elisabeth….
Mais il y a Sunam, cette riche femme dont parle le 2ème Livre de Rois.
Qui pourrait apporter consolation à la femme qui n’ayant pu avoir d’enfants, entend ses entrailles gémir de ne pas porter et préparer une nouvelle vie à offrir au monde.
Il n’y a que Dieu pour comprendre un tel désir aussi mystérieux et insondable que miraculeux, aussi violent et excessif que celui de mettre au monde.
Cette apparente malédiction peut devenir le lieu d’un surcroît de grâce.
Peut-être est-ce mue par ce désir que Sunam organise un endroit pour que le prophète Elisée puisse reposer sa tête.
Si la force de Dieu repose sur lui depuis qu’il a été couvert du manteau d’Elie, elle espère peut-être qu’en accueillant Dieu lui-même à travers l’accueil de son prophète, elle verra sa prière exaucée.
D’ailleurs, se sentant redevable d’une telle hospitalité, le prophète Elisée souhaite offrir un présent à sa logeuse.
La question du don d’un enfant serait le signe de cette bénédiction. Ce don humain serait plus que jamais signe d’abondance de Grâce !
Cette question de l’hospitalité divine à travers la figure de son prophète est précisément l’un des points cruciaux de l’évangile, surtout lorsque Jésus dit : « Qui vous accueille m’accueille; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé ». Et si nous essayons de comprendre la radicalité de cette page d’Evangile à travers le prisme de l’hospitalité ?
Le passage évangélique est admirablement rythmé et structuré.
Nous avons une première partie où la triple exposition de l’indignité pourrait refroidir les ardeurs des plus zélés.
Il s’agit de placer l’Amour de Dieu au-dessus de tout ce que l’on pourrait considérer comme une attache humaine légitime : l’amour des parents, de sa propre famille, de sa réussite. Cette radicalité ne fait que confirmer le premier commandement où il est demandé d’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force.
Mais la nouveauté évangélique réside dans le fait que ce premier commandement s’accomplira dans le mystère de la Croix.
Il y a ensuite une seconde partie où se trouve la triple exposition de l’hospitalité déclinée à travers le don de sa personne, l’accueil de l’autre, le geste concret de charité.
Jésus révèle que ses disciples envoyés en son Nom, seront comme jadis les porteurs de sa Présence.
Il y a ici une reconnaissance comparable à celles de l’élection et de l’autorité des prophètes : c’est presque une consécration des apôtres.
La communion avec Dieu passera par la médiation de ceux qui ont été choisis et envoyés.
N’est-ce pas là la vocation de l’Eglise ?
Il serait bon de se demander qui Dieu a envoyé sur notre route pour nous révéler son Dessein.
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