Vous siégez ? J’en suis fort aise ! Et bien valsez maintenant !
- bohleremmanuel
- 15 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mt 16, 13-20) pour le 21ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 23 août 2020.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO, au sein de l'édition du 21 août 2020.

« Pierre en prison » (1631) ,
Telle pourrait être la tirade de Dieu envers ceux à qui il a confié la gestion de sa Grâce. Retour sur ces nominations bibliques.
La liturgie permet de comprendre l’enracinement scripturaire de la vocation de Pierre au sein du collège des apôtres.
Que ce soit le récit du prophète ou la non moins célèbre investiture de l’apôtre, il est question d’une remise de clefs.
L’image des clefs nous fait entrer dans le processus organique d’une Tradition vivante où le principe de la transmission est constitutif.
Tout commence avec l’expression « Maison de David » que l’on découvre dans la prophétie de Nathan (2 Sm 7, 16).
Face à l’infidélité et l’homicide volontaire du Roi David, Dieu maintient son choix.
Sa volonté est claire : la Miséricorde précède la faute, la Sagesse précède la rébellion.
C’est sublimement paradoxal !
L’expression désigne alors la descendance de David, « selon la chair et le sang » où se perpétuera la fidélité de Dieu.
Le livre d’Isaïe apportera subtilement nuances à l’expression « clef de la Maison de David » comme lieu d’une expérience de foi.
Lors de son entretien avec le prophète (Is 7, 1-9) le roi Achaz doute du choix de Dieu, son cœur est agité: il demande un signe (Is 7, 10-17).
Las de ce manque de foi, Isaïe lui rappelle que le signe sera un fils, c’est-à-dire un membre nouveau de la Maison de David !
Il s’agit de la célèbre prophétie de l’Emmanuel où la question de la filiation est particulièrement présente, mais est-ce uniquement le lien du sang, ou bien est-ce déjà l’annonce d’une filiation plus large?
C’est dans l’acte même de transmettre la promesse faite jadis à David que l’on affine la compréhension de la Volonté de Dieu.
La lecture d’Isaïe de ce dimanche (Is 22, 19-23) ne fait que déployer cela : nous saisissons progressivement le passage d’une filiation selon la chair et le sang à une filiation selon l’Esprit.
Par Grâce, Dieu souhaite nous élever à la dignité de Fils de Dieu et pour cela il aura besoin d’une médiation.
Derrière les « clefs de la Maison de David » se cache le mystère de cette médiation humaine où Dieu fera de nous ses « fils ».
L’Ancien Testament nous enseigne déjà que la filiation divine n’est pas un dû et qu’elle ne fait pas partie de la nature humaine : elle est un don de Dieu et une vocation !
A travers les évangiles nous avons le sommet de la Révélation où s’affine la compréhension progressive du dessein de Dieu.
Le prologue de Jean chante admirablement ce mystère : par son Incarnation, Jésus transmets ce qu’il est !
Comme le dit saint Maxime le Confesseur : nous devons par grâce ce que Lui seul est par nature : c’est-à-dire un fils.
C’est à Pierre, et sous sa responsabilité aux autres apôtres, que ce mystère est confié.
En transmettant les clefs à Pierre, Jésus confie à l’Eglise la charge de ce mystère de la filiation divine : mission d’engendrer à la Grâce les enfants de Dieu, dans l’eau et dans l’Esprit.
Dans un contexte post-pandémique, la transmission est bien malmenée. C’est un défi auquel nous avons à répondre.
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