Mieux vaut-il être du côté des Pharisiens que dans le parti des traîtres ?
- bohleremmanuel
- 15 déc. 2020
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile (Mt 22, 15-21) pour le 29ème Dimanche du Temps Ordinaire (année liturgique A), célébrée cette année le dimanche 18 octobre 2020.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO, au sein de l'édition du 16 octobre 2020.

« Le tribut de César » (1620), par Jean-Valentin de BOULOGNE (1591-1632)
Comment éviter rengaines et poncifs sur la célèbre maxime « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » sans se demander ce qu’est un « pharisien » ?
Préfigurateurs du rabbinisme, les Pharisiens apparaissent vers 165 avant J-C lorsque le roi Antiochos IV souhaite imposer la culture grecque au Judaïsme.
S’ils accèdent au pouvoir entre -76 et -67, depuis l’invasion romaine ils en sont systématiquement écartés.
Ils s’opposent à l’inculturation romaine soutenue par les rois locaux, surtout depuis que le Grand-Prêtre du Temple, en lien avec le Préfet, est nommé par Rome pour collecter l’impôt pour César et organiser l’administration romaine en Judée.
Hérode le Grand se servira uniquement d’eux pour renverser la dynastie précédente puis va les dissoudre.
Hérode Antipas les mettra sur la touche.
Tous deux ne souhaitent plus aucune opposition politique organisée pour mieux placer le pays sous la tutelle romaine.
Les Pharisiens sont donc complètement marginalisés et n’ont plus aucune influence politique au temps de Jésus. Replacé dans ce contexte, quel est finalement le problème de l’évangile ?
Envoyant des disciples et des témoins d’Hérode pour parler, les Pharisiens ne sont pas en première ligne.
Comme si Jésus en était proche, on commence par lui attribuer ce qui constitue l’identité du mouvement pharisien : un authentique retour aux sources de l'Ecriture.
Mais la manipulation s’opère par la flatterie pour le prendre à parti dans leurs querelles politiques.
Jésus serait-il en proie d’être le bouc émissaire des Pharisiens?
Si Jésus avait été contre l’impôt, il serait devenu un agitateur dont les partisans d’Hérode auraient tôt fait de le réprimer pour avoir troublé l’ordre public.
Il serait également contre le Grand-prêtre Caïphe nommé et maintenu en poste pendant 20 ans grâce à l’influence de Ponce-Pilate.
La perversion des pharisiens aura sans doute été de manipuler Jésus pour vouloir en faire un révolutionnaire au sens politique du terme !
Le voilà le danger encore bien réel face à nos urgences en tous genres !
Mais Jésus se détourne de la voie de l’agitation publique.
Sa réponse avait de quoi plaire aux Pharisiens, car en rendant à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, il critique indirectement la compromission du Temple, où devenu une perception se mêlent temporel et spirituel !
Le Grand-Prêtre aurait-il oublié sa vocation première au détriment d’une respectabilité politique ?
Heureusement que nous sommes maintenant préservés de ces grands-prêtres de préfecture qui préfèrent davantage faire bonne figure face aux représentant des Etats que de prendre soin concrètement de leurs troupeaux et de leurs âmes !
Mais Jésus rappelle aux Pharisiens que si leur fin est bonne, leurs moyens ne sont aucunement justifiés.
On ne peut avoir de profondes aspirations spirituelles et les enfermer dans un programme de politique ou de militantisme, sinon c’est indirectement le triomphe du matérialisme.
Si nous voulons rendre à Dieu ce qui est à Dieu, il nous faudra d’abord être les témoins d’un Au-delà auquel nous aspirons ?
Nous ne pouvons aspirer à l’honnêteté du cœur sans être honnête par nos actes !
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Ce commentaire d’évangile est trop bref à cause des contingences de rédaction. Il n’est qu’un jet d’une réflexion plus large.
C’est pourquoi un commentaire plus déployé, tentant d’amorcer un essai sur les question des Pharisiens et de leur rapport avec Jésus, pour mieux comprendre le sens de l’Ecriture est disponible pour ceux qui veulent aller plus loin.
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