top of page

La musique pour rechercher Dieu


Cet interview a été publié au sein de « Eglise de Metz », la revue officielle du diocèse de Metz, dans l’édition de Mai 2013.


Discours de Benoît XVI au monde de la culture : "Quaerere Deum",

Collège des Bernardins, 12 septembre 2008



Emmanuel BOHLER a grandi avec le désir de devenir organiste liturgique.

Retour sur son parcours.



A quel âge êtes-vous devenu organiste ? Comment êtes-vous monté à en tribune pour la première fois ?


Si je relis à la lumière de l'Ecriture mon parcours musical personnel, je trouve qu'il ressemble à celui de Zacharie dans l'Evangile selon saint Luc. Zacharie, prêtre du Temple, demande instamment à Dieu d'avoir un enfant et lever la honte d'Elisabeth son épouse, stérile et âgée. Lorsque sa prière est sur le point d'être exaucée par l'annonce évangélique, il n'y croit plus du tout. Ce manque de foi entraîne la perte de sa parole.

A mon niveau, très tôt, j'avais eu le désir de l'orgue mais dans un cadre précis : le cadre liturgique. Vers 5-6 ans, lors d'une fête patronale de mon village à l'occasion de Saint Joseph, je suis monté pour la première fois à la tribune. Le mixage "son et vision" de l'instrument fut pour moi comme une sorte de révélation. Cependant, malgré ma ténacité à manifester de l'intérêt pour l'instrument, l'organiste n'a pas jugé utile de prendre mon attitude au sérieux. Peut-être étais-je trop jeune… Alors en silence et dans le secret, j'ai commencé l'apprentissage de l'orgue par la "vue" de l'organiste et "l'ouïe" de la musique. J'avais les yeux et les oreilles mais, comme Zacharie qui n'avait ni la langue et la bouche déliées, je n'avais pas encore de "mains" ! J'étais comparable à un "musicien muet".

A côté de cette formation par l'oreille et par la vue, c'est à onze ans que j'ai commencé à prendre vraiment des cours d'orgue à Sarrebourg. Et puis un jour, comme Zacharie dont la langue a pu se délier, j'ai accompagné ma première messe : j'avais 15 ans. Vers 16 ans, j'étais un organiste régulier. Il me fallut donc près de dix ans d'initiation par la vue et l'oreille, et cinq ans d'apprentissage technique pour commencer à savoir "parler" de manière autonome et, par le service de la musique liturgique, rendre grâce à Dieu.




Licenciés en musicologie, vous avez été titulaire de plusieurs orgues en Moselle. Pourquoi cet attrait pour l'orgue et la musique en général ?


Effectivement, à partir de seize ans j'ai été nommé "titulaire non contractuel" en l'abbatiale saint Laurent de Hesse et remplaçant régulier dans trois autres lieux. En relisant ces débuts, je rends grâce à Dieu que l'organiste de mon village ne m'ait pas tout de suite mis le pied à l'étrier car cet oubli m'a permis de développer l'écoute musicale et analytique (reconnaitre les registres, les changements de claviers etc…).

Dans ces quatre lieux où je jouais régulièrement, j'ai remarqué que tout était différent et que je devais sans cesse adapter : la registration, le style des pièces pour correspondre à l'esthétique des différents orgues, la manière d'accompagner différentes chorales et différentes assemblées, les solos, tout cela afin de faire "sonner" en communion avec l'assemblée. Cette capacité d'adaptation dû à mon oreille analytique fut très précieuse.

Puis il y eut le séminaire et la musicologie. Je sentais en moi que j'avançais en faisant des va-et-vient. C'est alors que le discours de Benoît XVI au monde de la culture au Collège des Bernardins en 2008 fut pour moi le moyen de comprendre. Il parlait de la "recherche de Dieu" en s'appuyant sur un livre de Dom Jean Leclerc, moine de l'abbaye de Clervaux où je suis oblat. Ce dernier montrait comment le "désir de Dieu" s'accompagne "d'un amour des lettres". Dans la culture européenne du monachisme occidental, la recherche de Dieu se conjugue avec une école de grammaire pour comprendre les Ecritures.

C'est ainsi que j'ai compris le sens de ma démarche personnel : la recherche de Dieu s'est conjuguée avec l'amour de la musique précisément parce que la musique n'est pas un simple décor ; elle est constitutive de la liturgie au sein de laquelle Dieu se communique. Ainsi ai-je essayé de rechercher Dieu, non seulement avec le génie théologique et exégétique mais aussi avec le génie grammatical de la musique.




Aujourd'hui comment liez-vous votre passion de la musique et votre vie actuelle ?


Avant d'entrer dans la vie active, j'ai essayé d'être fidèle et engagé dans le service musical à l'orgue, et j'y ai trouvé tant de choses qui me nourrissent encore maintenant.

Avec mes responsabilités professionnelles m'obligeant à partir, tout comme Job et sa célèbre maxime "Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté, que le Nom du Seigneur soit béni", j'ai du apprendre à rendre grâce pour tout ce qu'il m'avait donné.

Actuellement, je m'investis au sein de la formation diocésaine des organistes lors du stage annuel organisé par la Commission Diocésaine de Musique Liturgique (CDML) et le Centre Diocésaine de Formation des Organites (CDFO). J'anime aussi une émission hebdomadaire sur Radio Jérico "Stella Sacra".


Hélas, avec mes nouvelles responsabilités, je n'ai plus nécessaire pour travailler autant l'orgue. J'essaye de me concentrer de temps à autre sur la composition. Mon dernier travail fut la mise en musique de la Passion selon Saint Jean en français pour deux solistes et chœur. Ce projet me travaille depuis presque 10 ans. Cette Passion a été créée et interprétée ce Vendredi Saint (29 mars 2013) en l'église Sainte-Thérèse de Metz. AU préalable j'avais pris le temps de m'informer sur les études historiques et théologiques de la prière et des rites, en les faisant dialoguer avec des recherches exégétiques et littéraires sur l'organisation du récit johannique pour écrire dans ce cadre liturgique. Pas simple mais tellement intéressant.

Comments


  • Facebook
  • LinkedIn
  • Twitter
  • YouTube

© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

bottom of page