Mais quelle origine!
- bohleremmanuel
- 23 nov. 2020
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Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 20 décembre 2013. Il s’agit d’un commentaire d’Evangile, pour le 4ème Dimanche de l'avent: 22 décembre 2013 (Mt 1, 18-24).

Alors que l’évangile de ce dimanche commence par le verset « Voici qu’elle fût l’origine de Jésus-Christ », la fête de la Nativité qui approche, nous invite à faire cas de cet arbre généalogique, où ne germe pas toujours que de bons fruits.
Le 4ème dimanche de l’avent nos propose de méditer sur le songe de Joseph, or on ne peut le comprendre sans la généalogie qui le précède, dont le verset « Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ » en est la conclusion. C’est par 3 chapelets, rythmés de 14 générations que l’évangéliste expose les origines de Jésus, voulant comme attester qu’il est bien de la descendance d’Abraham, le père des croyants, et de la descendance royale de David.
Ces 3 chapelets de générations sont rythmés par le verbe « engendrer » compris dans le sens de l’union charnel et matrimonial. L’enfant est le fruit de l’union, fruit de la chair et du sang. Même si Matthieu expose à 3 reprises les unions illégitimes dans cette généalogie, il n’empêche que l’on ne rompt jamais le fait que le lien généalogique repose sur la chair et le sang. Or, Matthieu rompt le rythme d’écriture lorsque que viens Marie et Joseph. Il écrit ceci : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus que l’on appelle Christ ». Il y a une rupture d’engendrement, car Jésus est alors « fils de David » par adoption et reconnaissance de Joseph, et non par la chair et le sang ! Ce n’est que par Marie que Jésus est engendré. La fin de la généalogie laisse donc en suspens une question de taille. Car si le verbe « engendrer » a le même sens que durant l’ensemble de la généalogie, alors Jésus semble être un enfant « adultère », c’est à dire né de la chair et du sang de Marie, et…. D’un père inconnu.
Cette interprétation possible du verbe « engendrer » rend compte du drame de l’épisode du songe de Joseph. Que faire d’une fille mère ? En effet, en voulant répudier Marie en secret, il semble considérer que l’enfant qu’elle porte est le fruit de l’adultère et qu’il ne peut la garder chez lui. Cependant Mathieu atteste que Joseph est un homme juste, donc qui accomplit la Loi de Moïse. Puisqu’il est interdit de tuer, on peut alors comprendre le choix de la répudiation en secret. Car si la répudiation avait été publique, Marie aurait due être conduite hors de la ville et lapider. Joseph ne veut pas la mort de Marie, ni même de l’enfant qu’elle porte. Joseph est miséricordieux en plus d’être juste !
C’est au moment où Joseph veut répudier Marie que l’ange intervient. Il lui relève que Jésus n’est pas le fruit de la chair ni du sang, mais qu’il est né de Dieu. Il n’est pas l’enfant du péché, mais l’enfant de la Grâce. Alors le verbe « engendrer » prend ici un sens nouveau. Ce n’est plus le lien de la chair ni du sang comme dans la première Alliance, mais le mystère de la filiation divine dans l’Esprit. Dans le Nouveau Testament, le verbe « engendrer » manifeste ce projet de Dieu de s’agréer un peuple de fils et de fille. C’est toute la compréhension du « Nouveau Peuple de Dieu » qui prend racine dans ce mystère. L’ange cite un extrait de livre d’Isaïe (Is 7, 14) pour montrer ce mystère de la filiation divine qui s’accomplit en Marie. Sans être né, dans le ventre de sa mère, Jésus accomplit déjà l’Ecriture. Ainsi, celui qui va naitre comme un homme, et qui portera le nom de Jésus, sera en fait celui-là même qui sera engendré par Dieu, et qui portera le nom « d’Emmanuel ». Dieu sera présent à la vie des hommes non seulement en esprit, mais selon la chair, celle de Jésus son fils unique. En suivant la parole de l’ange, Joseph pose la première conversion et la première confession de foi de l’évangile selon saint Matthieu : Jésus est bien le Fils de Dieu.
Le songe de Joseph nous invite à croire. Croire que celui qui va naitre si humblement et pauvrement, sera le Fils éternel du Père. Croire que Jésus-Christ est à la fois vrai homme et vrai Dieu. Mais croire également que dans le mystère de son engendrement se cache notre propre mystère : celle de notre filiation au moment du baptême. Saint Jean dans son prologue le dit bien en parlant de ceux qui croient : « Ils ne sont pas nés de la chair ni du sang, ni d’une volonté charnelle, ils sont nés de Dieu ».
Noël est le mémorial de notre propre naissance dans les cieux.
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