La genèse de Sacrosanctum Concilium (1ère partie)
- bohleremmanuel
- 5 mars 2021
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Cet article a été publié au sein de « Eglise de Metz », la revue officielle du diocèse de Metz, dans l’édition de Décembre 2013, à l'occasion du 50ème anniversaire de sa promulgation.

Concile Vatican II (octobre 1962-décembre 1965)
La constitution dogmatique Sacrosanctum concilium est le premier fruit du Concile Vatican II. A l'issue du vote, de la promulgation de ce texte et du décret sur les moyens de communication sociales, Paul VI prononça un discours le 4 décembre 1963. Ce dernier permet de saisir le "pourquoi" de ce document sur la liturgie, mais en même temps il annonce l'élan de la réforme liturgique.
"Dieu a la première place"
Paul VI dit ceci au sein de son discours : "Nous nous réjouissons de ce résultat. Nous y découvrons un hommage à l'échelle des valeurs et des devoirs : Dieu a la première place ; la prière est notre premier devoir ; la liturgie est la source première de ce divin échange par lequel la vie divine nous est communiquée, la première école de notre vie spirituelle, le premier don que nous puissions faire au peuple chrétien qui nous est uni par la prière".
Avec ces mots, on se rend compte que la liturgie n'est ni de l'accessoire, ni une simple histoire de rubriques. Il semble assuré que pour les Pères conciliaires, ce document va permettre à l'Eglise de se "renouveler". Cette "primauté" reconnue par le Paul VI, repose sur l'œuvre de sanctification de tous les membres de l'Eglise.
En plus, la liturgie reconnue comme la première école de vie spirituelle est un don extraordinaire ! Sommes-nous capables, 50 ans après, de reconnaitre une telle perspective et lui attribuer un tel statut ?
En clôturant la première session le 8 décembre 1962, Jean XXIII affirma dans son discours : "Ce n'est pas par hasard qu'on a commencé par le schéma sur la liturgie où il s'agit des rapports de l'homme avec Dieu. Ce sont les rapports de l'ordre le plus élevé : ils doivent, si l'on veut servir au bien des âmes, s'établir sur la base solide de la Révélation et du Magistère apostolique, avec cette ampleur de vue qui ne cède en rien à la facilité ou à la hâte avec lesquels se règlent les rapports des simples humains entre eux". La finalité profonde du Concile et de l'élan de réforme qu'il va engendrer, est que l'Eglise dans le monde de ce temps, se renouvelle intérieurement pour demeurer fidèle à sa mission évangélique et transmettre ce qu'elle a reçu, alors la liturgie représente le premier lieu de renouvellement, à la fois sommet et source.
Aujourd'hui encore, en voulant être fidèles à l'enseignement du Concile, nous ne pouvons pas nous soustraire à cette primauté concernant la liturgie, ni même céder à la facilité ou à la hâte concernant sa compréhension et sa mise en œuvre.
La liturgie pour "une prière sainte et vraie"
Dans la suite de son discours du 4 décembre 1963, Paul VI donna en outre le sens profond de la réforme liturgique en disant : "La liturgie enfin, est la première invitation adressée aux hommes pour que leur langue ne soit plus muette, mais qu'elle exprime une prière sainte et vraie ; pour qu'ils sentent l'immense puissance de vie contenue dans le fait de chanter avec nous les louanges de Dieu, les espérances des hommes par le Christ Notre Seigneur et dans l'Esprit Saint".
L'allusion à la langue, relevant à la fois de la métaphore et du jeu de mots, place la réforme liturgique en lien avec l'expérience de Zacharie. N'est-il pas celui, qui grâce au don de l'Esprit, a pu de son mutisme ouvrir ses lèvres pour de sa langue chanter les louanges de Dieu pour le don de son fils Jean ? Paul VI place l'élan de la réforme liturgique dans cette riche perspective biblique.
Comment interpréter le mot "langue" ?
La force du jeu de mots rend compte de la réalité à la fois psychologique et narrative. Le but sera que chaque fidèle puisse "ouvrir ses lèvres" pour prier et chanter, en ayant conscience des réalités cachées au-delà des rites. Mais en même temps, c'est la reconnaissance du génie littéraire propre à chaque culture, capable d'être une "langue liturgique" pouvant s'adresser à Dieu.
Le travail complexe des traductions, à la fois des textes bibliques et des textes rituels, avec une authentique fidélité entre le contenu théologique du latin et le génie propre de chaque langue, sera le don visible et le plus profond de la réforme liturgique du Concile Vatican II. Avant de nous apprendre à "faire" en réformant ses "gestes liturgiques", l'Eglise nous apprend à "parler" et la réforme liturgique va renouveler considérablement cet apprentissage.
Par la liturgie, à travers l'unité de ses rites et de ses formules, chacun pourra à nouveau, dans sa propre langue, chanter les louanges de Dieu. Ainsi par la réforme liturgique, l'Eglise vivra de manière "audible" une nouvelle Pentecôte.
Reste à savoir d'où vient le texte de cette constitution dogmatique et comment la réforme liturgique s'est organisée. Cela est une autre histoire…
A suivre…
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