La genèse de Sacrosanctum Concilium (2ème partie)
- bohleremmanuel
- 5 mars 2021
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Cet article a été publiée au sein de « Eglise de Metz », la revue officielle du diocèse de Metz, pour l’édition de Janvier 2014, dans le cadre du 50ème anniversaire de la promulgation de la Constitution.

Concile Vatican II (octobre 1962-décembre 1965)
Le 4 décembre 1963, à l'issue du vote et de la promulgation de la constitution dogmatique Sacrosanctum Concilium, Paul VI prononça un discours au cours duquel il replaça le document dans la démarche générale du Concile. A la suite de Jean XXIII, la liturgie occupa volontairement la première discussion des Pères conciliaires afin que Dieu, dans sa communion avec l'histoire des hommes, puisse avoir la première place.
La liturgie, renouvellement et école de vie spirituelle
Paul VI montra que la liturgie est attestée comme le premier lieu de renouvellement de l'Eglise dans son mystère et la première école de vie spirituelle pour les fidèles. Il donne le sens profond du processus de réforme à travers la métaphore biblique de la langue, évoquant ainsi le gigantesque travail de traduction qui permettra une participation active et fructueuse des fidèles.
Il donna également le sens de la réforme des rites (et des gestes liturgiques) : "… Nous voulons au contraire lui donner plus de pureté et d'authenticité, la rapprocher de ses sources de vérités et de Grâce, et lui permettre de devenir plus aisément le patrimoine spirituel du peuple chrétien".
Une structure logique, progressive et pédagogique
L'histoire de cette constitution est à la fois riche et complexe.
Elle commença avec Jean XXIII pendant la phase préparatoire, les 13-14 novembre 1960, lorsqu'il rassembla les quelques 698 personnes (cardinaux, archevêques, évêques, prêtres et religieux) constituant les 10 commissions et les 2 secrétariats qui devaient l'aider à préparer le Concile. La commission pour la liturgie fut composée de 24 membres et 35 consulteurs à majorité européenne, mais avec une ouverture sur l'Afrique et l'Asie. Lors de la 5ème session de la Commission centrale qui eut lieu entre le 26 mars et le 3 avril 1962, elle soumit à l'amendement et au vote son unique document appelé "schéma préparatoire", composé de 8 chapitres.
Durant l'été 1962, les futurs Pères conciliaires recevront les futurs schémas préparatoires qui seront soumis aux débats lors de la première session du Concile Vatican II. Le schéma préparatoire sur la liturgie est seul des schémas préparatoires à qui le père Schillebeeckx, au nom des évêque hollandais, décerne des louanges. Il mérite bien ces louanges de par sa solidité théologique et historique, sa structure logique, progressive et pédagogique qui sera la basse majeure du texte définitif.
Une fois la première session du Concile ouverte, le schéma préparatoire sur la liturgie fut débattu par les Pères conciliaires lors des Congrégations générales entre le 22 octobre et le 25 novembre 1962. 625 Pères du Concile ont fait des interventions pour proposer des amendements au schéma préparatoire. La nouvelle commission pour la liturgie fut composée de 16 membres élus par les Pères conciliaires, 9 membres nommés par le Pape et accompagnés de 12 experts. Son rôle était de faire les synthèses de ces interventions et proposer la rédaction de nouvelles versions d'amendements qui, pour être approuvés, devaient être votés par les Pères conciliaires. Une fois la version de l'amendement votée, celle-ci était insérée dans le texte. Pour être déclaré "définitif", le texte où étaient insérés les nouveaux amendements votés, devait être lu puis voté de manière solennelle avant d'être remis au pape, qui en dernier lieu est le seul à le ratifier et à le promulguer. Ce processus complexe explique que l'introduction et le premier chapitre n'ont été votés de manière définitive que le 7 décembre 1962. Le reste du texte ne put être terminé qu'au moment de la 2ème session du Concile.
Doctrine et principes de réformes entremêlés
Le texte définitif de la Constitution, promulgué par le pape Paul VI le 4 décembre 1963 conserve bien des éléments du schéma préparatoire.
D'une part sa structure, car il est composé d'un préambule et de 7 chapitres.
D'autre part sa méthodologie systématique dans les rédactions de chacune de ses parties. On y rappelle d'abord les principes théologiques fondamentaux puis des principes de réforme. Ainsi le document conciliaire est assez complexe à lire parce qu'il mêle à la fois, dans un va et vient permanent, la doctrine et les principes de réforme.
Cette complexité est en même temps une originalité inédite dans l'Histoire de l'Eglise, et surtout une force de renouvellement dans ce que l'on nomme la "pastorale liturgique et sacrementelle".
A travers ce document sont réconciliées la théologie des sacrements et la pastorale. L'originalité de la constitution où se mêlent théologie et principes de réforme va devenir une matrice pour l'ensemble des livres liturgiques. En effet, tous les rituels révisés et promulgués entre 1969 et 1977 possèderont systématiquement une introduction s'appelant "notes doctrinales et pastorales". En correspondance avec l'esprit de la réforme, on y rappelle la doctrine théologique et spirituel de chaque sacrement, tout en l'associant à une visée pastorale pour mettre en œuvre les rites et aider les fidèles à une participation pleine et consciente.
La mise en œuvre de cette réforme liturgique sera une autre histoire….
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