Reflets dans l'eau... Et quelles réflexions!
- bohleremmanuel
- 29 mai 2021
- 3 min de lecture
Commentaire d’évangile pour le dimanche de la Trinité (Mt 28,16-20 ; année liturgique B), célébrée le dimanche 30 mai 2021.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 28 mai 2021.

Mais aussi.... "Reflets dans l'eau" (1905) de Claude Debussy (1862-1918)
L'Evangile nous invite à la fontaine d'où a jaillit cette vie nouvelle. Pèlerinage à la source et retour à la Genèse de notre vie chrétienne.
Le De Baptismo, premier traité sur le baptême écrit à Carthage par Tertullien, expose une apologie de l'eau. Prenant appui sur l'Ecriture, il rend grâce pour l'élément que Dieu a choisi pour nous purifier de nos péchés et nous régénérer en nous donnant un don plus grand : l'Esprit qui nous consacre pour faire de nous des enfants de Dieu.
En regardant l'eau, réfléchissions ensemble ?
Êtes-vous émerveillés par cette symétrie entre l'eau et le ciel ? Celle que chante la Genèse en parlant des eaux du ciel et des eaux de la terre (Gn 1,7) ? Si l'eau a ce pouvoir réfléchissant, l'eau du ciel se réfléchit sur l'eau de la terre et l'eau de la terre se réfléchit sur l'eau du ciel. La réflexion est cette alchimie entre l'eau et la lumière, ces deux premiers éléments de la Genèse (Gn 1,2-3), qui permettent à notre terre d'avoir ce nom : la planète bleue…
En se penchant vers elle, l'eau réfléchit l'image de ce que nous ne pouvons pas voir. Grâce à l'eau de la terre nous pouvons voir l'image de notre visage. Par symétrie n'en est-il pas de même pour l'eau du ciel ? Ne réfléchit-elle pas l'image du mystère divin ?
Comme Dieu est un Dieu qui se cache (Is 45,15), l'eau, élément primordial, permet dans la foi, de faire l'expérience d'un miroir. On ne peut voir Dieu face à face (Ex 33,20) mais seulement par réflexion, comme jadis Moïse, qui protégé par la Main de Dieu au cœur de son rocher, ne put entrevoir que son dos (Ex 33,18-34,9). Dieu ne peut se voir en fixant l'eau du ciel comme jadis les apôtres lors de l'Ascension (Ac 1,9-11).
Pour se révéler, Dieu se réfléchit ! Sur l'eau du ciel, le mystère divin se reflète ; et ce reflet se réfléchit sur l'eau de la terre. Pour nous, Dieu se penche ainsi vers l'eau de la terre comme jadis il se pencha sur son humble servante (Lc 1,48a), la Vierge Marie, pur reflet de sa Grâce !
Pour s'ouvrir à la conscience d'être créé à sa ressemblance ; en se penchant vers l'eau de la terre pour y voir apparaitre le reflet de notre image, on peut aussi y voir transparaitre le reflet de son Image. Ce jeu de miroirs est une porte vers l'Infini où en réfléchissant sur l'eau de la terre on peut entrevoir l'immensité du mystère… En réfléchissant sur l'eau du baptême on peut comprendre que Dieu est Père, Fils, Saint-Esprit.
Quel mystère, à jamais insaisissable comme un reflet mais au combien réel ! Toute la poésie du reflet nous rappelle que nous ne pouvons retenir le réel : on ne pourra mettre la main sur lui. Si notre visage est réel mais insaisissable pour nous, il est en de même pour le mystère de Dieu !
Dans la foi, en plongeant dans l'eau de la terre lors de notre baptême, nous sommes mystérieusement plongés dans l'eau du ciel.
Mais l'eau du ciel se cristalisera pour devenir nourriture, le vrai Pain descendu du ciel (Jn 6,51) où le reflet de l'Image de Dieu pourra y transparaitre ! Allons-nous le reconnaitre ?
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