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Des estivales johanniques pour faire goûter l'Eucharistie


Commentaire d’évangile pour le 17ème dimanche du Temps Ordinaire (Jn 6, 1-15 ; année liturgique B), célébré le dimanche 25 juillet 2021.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 23 juillet 2021.



La lecture continue de l'évangile de Marc va s'interrompre pendant cinq dimanches pour faire entendre l'intégralité du chapitre 6 de l'évangile de Jean. Retour sur une pédagogie liturgique.


Dimanche dernier nous avons entendu la première partie du récit de la multiplication des pains selon saint Marc (Mc 6,30-34). Normalement nous aurions dû entendre aujourd'hui la deuxième partie (Mc 6,35-46). Or la liturgie préfère prendre un chemin détourné, sorte de chemin de crête, un hors-piste pour prendre de la hauteur. On entend la multiplication des pains selon saint Jean (Jn 6,1-15), puis dimanche prochain, et pour quatre dimanches successifs, l'intégralité du discours sur le Pain de vie (Jn 6,22-59) avec sa finale (Jn 6,60-69) où apparait l'effet contrasté de l'enseignement.


Cette route de crête va nous conduire aux cimes du mystère eucharistique, dans lequel le discours sur le Pain de vie sera ce don de l'Ecriture. Ce chemin détourné renforce l'autorité de ce texte pour mieux comprendre ce don, ce testament du Seigneur laissé en partage à l'Eglise. D'ailleurs ce discours est le texte biblique le plus commenté du Nouveau Testament, tout en étant celui qui intrigue et fascine à la fois les exégètes, surtout dans son unité avec le récit de la multiplication des pains. Ce chemin détourné renforce l'autorité de ce texte pour mieux faire comprendre ce don du Seigneur laissé en partage à l'Eglise.


Pendant cette période estivale propice à la méditation laissons la liturgie nous permettre de le recevoir comme « saveur eucharistique ». Plus on lit ce récit aux accents bucoliques avec en arrière-fond le psaume 22 (23), plus ce déjeuner sur l'herbe pose mathématiquement un problème ! On passe de la peur de trouver l'argent nécessaire pour acheter de la nourriture à la focalisation sur l'insignifiante offrande. Mais comment peut-on multiplier pains et poissons uniquement en les divisant ? Le verset le plus troublant dit : « Ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus. » Jésus a fractionné uniquement ces cinq pains initiaux : il n'y en a jamais eu plus ! De la fraction de ces cinq pains il nourrit cinq mille personnes et il en resta. Or ces restes indiquent que la foule n'a pas reçu qu'une infime parcelle. Ici la division augmente la quantité avec une abondante profusion ! Plus on rompt, plus l'abondance jaillit, comme l’eau de l’écluse ouverte d’un réservoir !


Mais de quoi ont-ils été nourris ? D'un pain terrestre ou bien d'un pain du ciel ? Les cinq pains d'orge terrestres deviennent un « signe », qui divisé, va communiquer une autre « réalité », un jaillissement de la Grâce ! A travers le « signe » du pain, n'est-ce pas la présence de « l'eau du ciel », abondante et généreuse, comme jadis pour la manne, fine croûte de pain apparue sur le sol après l'évaporation de la couche de rosée descendue du ciel (Ex 16,9-15) ? Saint Thomas d'Aquin a compris ce mystère lorsqu'il écrit ce verset de sa séquence pour la fête du Très-Saint-Sacrement (Lauda Sion) : « La réalité profonde n'est pas divisée, le signe seul est partagé ; de celui qui est signifié ni la taille ni l'état ne sont en rien diminués. »



Alors toi, qui à la messe entendras de tes oreilles cet évangile, ouvre tes yeux au moment de la fraction du pain consacré ! Crois que de cette fraction jaillira pour toi l'abondance de la Grâce : merveille d'une communion au Pain du Ciel ! Est-il pour toi « Pain de vie » ? A toi de l'approfondir !



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