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On dirait que l’on marche à reculons!


Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 17 janvier 2014. Il s’agit d’un commentaire d’Evangile pour le 2ème Dimanche du Temps ordinaire (A): 19 janvier 2014 (Jn 1, 29-34).



A l’image des trucages de films où l’on montre les images d’une scène à l’envers, la lecture du récit de l’évangile selon saint Jean, semble donner la même impression.


Alors que dimanche dernier le temps de Noël s’achevait par la fête du Baptême du Seigneur, voici que la péricope de ce dimanche nous fait revenir sur cet évènement, et en particulier sur le témoignage de foi de Jean-Baptiste, un témoignage d’une expérience intérieure de baptême. Il est vrai que l’évangéliste saint Jean est le seul qui ne décrit pas l’évènement dans une perception temporelle linéaire. C’est-à-dire qu’il ne raconte pas le fait physique du baptême de Jésus par Jean-Baptiste, mais il raconte comme un dévoilement progressif, une Epiphanie de Jésus-Christ aux yeux des hommes. Selon saint Jean, le baptême est une Epiphanie.

Saint Jean rend témoignage du baptême de Jésus après que l’évènement eu lieu. D’emblée Jean-Baptiste désigne Jésus-Christ aux hommes par la formule : «Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Or la suite du texte, telle une « marche à reculons », va montrer que cette désignation est le fruit d’un processus de foi, dont la racine est une expérience intérieure de l’accueil de la Parole de Dieu à travers les Ecritures.

Tout d’abord Jean-Baptiste explique que Celui qu’il désigne comme l’Agneau de Dieu, est Celui dont il avait déjà parlé auparavant et annoncée la venue. En effet, juste avant l’extrait de ce dimanche, il y a le dialogue entre Jean-Baptiste, des prêtres et des lévites, envoyés pour demander s’il n’était pas le prophète Elie, et lui demandant de se justifier sur le baptême qu’il donne. Il explique alors à ce moment-là qu’une personne est au milieu d’eux et qu’il ne la connaisse pas. Ensuite Jean-Baptiste, dans un deuxième temps va encore aller plus en arrière en expliquant comment il l’a connu. Il rend témoignage de sa propre vocation. Il a reçu un appel de Dieu afin de baptiser dans l’eau. Mais il reçut aussi une promesse : celui qu’il baptiserait et qui recevrait le don de l’Esprit Saint, serait le Messie. Enfin Jean-Baptiste rend témoignage de l’Epiphanie dont il a été apparemment le seul témoin. En vivant sa vocation, en attendant et en croyant la Promesse que Dieu lui a faite, il a vu l’Esprit descendre sur Jésus. Allusion entre autres, à la célèbre prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Is 61, 1-11).

Voilà la racine: A un moment inconnu pour le lecteur, Jean-Baptiste vit Jésus s’approcher et lui a conféré son baptême de conversion. Dans ce mystère et le mémorial de la prophétie d’Isaïe, « il voit sans voir » le don de l’Esprit-Saint. Jean-Baptiste reçoit alors la lumière de l’intelligence et « voit sans voir » le Fils de Dieu. En traversant l’humanité de Jésus, et de l’Ecriture du prophète, il « entend sans entendre » la Parole de Dieu. C’est au cœur de l’exercice de sa vocation que Jean-Baptiste fait cette expérience épiphanique. Il « voit sans voir » et « entend sans entendre » parce que le récit évangélique ne donne aucun signalement de la dimension publique de cette expérience : il semble le seul à l’avoir vécu ! Sinon, il n’aurait pas eu besoin de l’annoncer aux autres.

Jean-Baptiste reçoit de cette expérience l’ouverture des yeux, des oreilles, puis de la bouche ! C’est en marchant à reculons dans la lecture progressive de cet extrait, que l’on saisit alors l’ordre. Chaque liturgie eucharistique nous permet de revivre cette expérience du Baptiste. En apportant en procession l’Evangéliaire, ou les Offrandes ; en demandant l’Esprit pour entendre les Ecritures, ou pour consacrer le pain et le vin ; nous sommes invités à « entendre sans entendre » la voix du Seigneur, à « voir sans voir » l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Dans l’un et l’autre cas, c’est Jésus qui se manifeste à chacun en transparence. Nourriture spirituelle pour qu’au cœur de l’exercice de notre vocation, nous trouvions Celui qui demeure au milieu de nous, et que parfois nous ne connaissons pas.

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