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« Nova et Vetera », ou une continuité entre le neuf et l’ancien!


Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 14 février 2014. Il s’agit d’un commentaire d’Evangile pour le 6ème Dimanche du Temps ordinaire (A): 16 février 2014 (Mt 5, 17-37).



Entre Moïse et un pharisien, Jésus a osé !


Si l’évangile selon saint Matthieu a été rédigé pour un milieu judaïque, alors il faut reconnaitre que le rédacteur est assez sarcastique, à la limite de l’insolence et de la provocation.

Dès le début de son Evangile Matthieu a pu faire « grincer des dents » ceux qui vivaient dans les avantages acquis de l’Ancienne Alliance. Sarcasme de la généalogie de Jésus où le peuple élu est loin d’être saint. La rupture d’engendrement par le sang, faisant déjà de Jésus une humanité nouvelle, fruit de l’Esprit dans le sein de la Vierge Marie, sonne le glas du privilège de l’élection raciale. Le « nouveau » Peuple de Dieu s’ouvrira à toutes les nations. Sorte d’insolence dans le récit de l’Epiphanie, où volontairement Dieu a envoyé un signe aux païens et aux idolâtres, laissant dans les ténèbres et dans l’ignorance, les membres de son propre peuple qu’il a jadis élu et consacré ! Mais l’honneur est sauf, car c’est le peuple élu, qui ayant reçu les Ecritures, y trouve le lieu de la naissance.

A côté des sarcasmes et de l’insolence narrative, saint Matthieu prend soin de présenter avec raffinement Jésus comme un « nouveau Moïse ». Ce Jésus, qui comme Moïse dans sa prime jeunesse a dû fuir la tyrannie et le massacre, parce qu’on en voulait à sa vie. Ce Jésus qui fit le pèlerinage inversé : de la Terre Promise au pays de l’antique esclavage. Ce Jésus qui commença sa vie publique au bord du Jourdain, juste en face de la montagne où Moïse finit sa mission et sa vie terrestre. Ce Jésus dont le récit du baptême semble faire de lui un mixe entre Noé et Josué… Si Moïse après le passage de la Mer Rouge conduisit le peuple à l’Horeb pour y recevoir le don du décalogue ; Jésus après son passage dans le Jourdain partit tout de suite sur une montagne pour y donner une nouvelle Loi : les Béatitudes, qui inaugurent le discours dont nous poursuivons en ce dimanche la lecture.

Ce passage biblique montre bien comment Jésus fait à la fois du neuf et de l’ancien. De l’ancien parce qu’il confirme que rien ne sera ôter. Jésus nous montre qu’il est indispensable de s’intéresser à la compréhension de l’Ancien Testament dans son intégralité. En ce sens, même s’il les critique avec véhémence, Jésus est proche du milieu des pharisiens pour cet attachement radical à ce que Dieu a révélé par la voix et les écrits des prophètes.

Tout en faisant de l’ancien, il fait du neuf ! Jésus rappelle des passages complets du décalogue, en l’occurrence trois commandements, et un précepte de Moïse. Mais à partir d’eux, comme une corde de piano, il en dégage des «harmoniques » insoupçonnées! C’est dans la continuité de l’enseignement de Moïse que Jésus annonce la nouveauté de l’Evangile.


Il va plus loin que le 5ème commandement, car non seulement il condamne le meurtre, mais en plus la division entre les personnes, allant jusqu’à faire de la discorde, un obstacle au culte. Si l’on veut célébrer le Dieu de l’Alliance et de Miséricorde, nous ne pouvons entretenir les divisions et la dureté de cœur.

Il va plus loin que le 6ème commandement, car si l’adultère est proscrit, Jésus en révèle la racine : la convoitise et l’instinct de possession sur les personnes, qui sont un résumé des 9ème et 10ème commandements. Jésus va plus loin que le précepte du livre du Deutéronome (Dt 24, 1-4) car il montre la réciprocité de la responsabilité en cas d’échec de la vie matrimoniale, évitant la déculpabilisation et diabolisation de l’autre, en particulier la femme.

Il va plus loin que le 2ème commandement ordonnant de ne pas faire de faux serment, tout simplement parce que Dieu seul est en capacité de nous juger avec justice, et non pas par arrangement tacite, résumant ainsi le 8ème commandement.

Tout cet enseignement est un appel à la miséricorde, à la pureté du cœur, à la douceur, à la justice. Nous avons presque un résumé concret et appliqué des Béatitudes, faisant de nous « le sel de la terre« , et « la lumière du monde« . Puissent-elles être gravées dans nos cœurs de pierre, et faire de notre vie, un « buisson ardent » où le Dieu-Amour puisse se faire entendre!

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