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Lorsque Jésus fustige la vanité....

Commentaire d’évangile pour le 29ème dimanche du Temps Ordinaire (Mc 10, 35-45 ; année liturgique B), célébré le dimanche 17 octobre 2021.


Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 15 octobre 2021.




« La miséricorde est la compassion que notre coeur éprouve en face de la misère d’autrui, sentiment qui nous pousse à lui venir en aide. » (Saint Augustin)

Entre Jacques et Jean, jouant du violon pour obtenir par flatterie une petite place au soleil, et les autres dont l'indignation face à leur audace est tout sauf le reflet de leur âme, l'évangile prend le contrepied de la vanité !


En rhétorique la captatio benevolentiae consiste à s'assurer la sympathie de l'interlocuteur. Mais comme le dit ironiquement l'universitaire et écrivain Umberto Eco (1932-2016), elle peut aussi être malevolentiae lorsqu'elle vise à mettre l'auditoire dans de mauvaises dispositions. A moins d'être malade ou puérilement insolent, aucun orateur ne viendrait à s'attirer tout de suite l'antipathie de son auditoire. Mais l’évangile de ce dimanche peut surprendre car il met en scène une captatio. Le récit est fait de deux épisodes bien distincts mais de structure identique.


Dans chacun d’eux les disciples interpellent le Maître. Pour les fils de Zébédée ce sont les honneurs, pour les autres c'est leur indignation. Nous sommes volontiers « captés » par leur indignation qui peut rapidement guider notre analyse et notre jugement. Sans doute bien des prédicateurs ou autres ne manqueront pas de surfer sur cette vague pour faire un buzz en dénonçant le carriérisme de Jacques et de Jean, les querelles de pouvoir, sans oublier le non moins célèbre couplet du cléricalisme.

Si cette interprétation semble toute tracée, est-elle légitime ? Cette captatio est-elle benevolentiae ou malevolentiae ? Reflète-t-elle la pensée du Maître ou bien celle des disciples ? La subtilité de l'écriture évangélique peut nous surprendre tant elle peut nous faire devenir encore plus sourds et aveugles…


Que répond le Maître ?

En comparant les réponses, cela peut faire grincer des dents mais il semble bien plus sévère envers les indignés qu'envers les ambitieux insolents !

Face à ces derniers il est surpris de leur demande mais au lieu de les réprimer en public il leur annonce qu'ils boiront à la coupe de bénédiction et seront baptisés dans le mystère de sa Passion, bref dans le mystère pascal. Ce détail semble aller dans le sens de la mort des fils de Zébédée à Jérusalem lors de la persécution d'Hérode Agrippa Ier vers 41-44 (Ac 12,2).


Or à qui s'adresse alors le rappel constituant la vie évangélique ?

En leur disant que l'on ne doit pas faire sentir son pouvoir envers les autres, qu'il faut se faire le serviteur de tous, que le service est intimement associé à son Baptême dans sa passion et sa résurrection, Jésus met indirectement en lumière les pensées secrètes de ces indignés aux apparences trompeuses. L'indignation ne semble pas ici la garantie d'une vie évangélique, puisque derrière elle se cache l'endurcissement de leur cœur, les empêchant d'être miséricordieux comme le Père est miséricordieux (Lc 6,36).


Plus que jamais il faut discerner et traverser les apparences.

La vanité maladroitement exprimée des uns, permet de révéler celle sournoise et cachée des autres. Mais Jésus veut nous en libérer, car derrière elle c'est le Tentateur qui se cache et nous tend un piège ! Il attend patiemment sa proie pour endurcir notre cœur par sa morsure, rendant raison à l'aphorisme de Blaise Pascal dans lequel celui qui veut faire l'ange fait la bête.


Soyons vigilants et osons l'audace des Béatitudes !

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© 2020 par Emmanuel BOHLER. Créé avec Wix.com

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