Une fin qui nous laisse sur notre faim...
- bohleremmanuel
- 12 nov. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 nov. 2021
Commentaire d’évangile pour le 33ème dimanche du Temps Ordinaire (Mc 13, 24-32 ; année liturgique B), célébré le dimanche 14 novembre 2021.
Commentaire publié dans le journal hebdomadaire L'AMI HEBDO au sein de l'édition du 12 novembre 2021.

Lorsque finale rime avec fringale, la figue devient la seule nourriture qui pourra combler nos attentes et nos interrogations. Comment Jésus nous l'accommode-t-il ?
Aujourd'hui s'ouvre les deux dernières semaines du Temps Ordinaire. Avec la solennité du Christ-Roi au milieu, l'Eglise nous invite à contempler les Fins Dernières dont les Evangiles nous en laissent entrevoir le mystère.
Si en théologie on appelle eschatologique tout discours qui parle du sort de l'homme et de la création après la mort, ou de tout discours sur la fin du monde ou la fin du temps, alors les évangiles sont une formidable manne ! Ils possèdent chacun quelques pages énigmatiques, essentielles pour le croyant puisque le but de son existence n'est pas sur cette terre mais sur ce qui passe après la mort.
Le récit d'aujourd'hui est le plus curieux de l'évangile de Marc. Il est en deux parties, évoquant chacune une venue du Fils de l'Homme.
Dans le premier cas, il vient après la détresse avec une mise en ténèbre de la création (extinction de l'ensemble des luminaires : soleil, lune, étoiles). Au cœur de cette ténèbre, une Lumière se lève (Jn 1,5 et 2 Co 4,6) : celle du Fils de l'Homme lui-même. D'elle, un peuple va se rassembler comme jadis le peuple qui était dans les ténèbres a vue se lever une grande lumière (Is 9,1-3). On ne sait pas où va se passer cette venue, par-contre on sait quant elle aura lieu : à la fin du temps.
Dans le second cas, cette autre venue est triplement énigmatique. D'une part elle est non déterminée par le temps : seul le Père connait cet instant dans le secret de sa volonté. D'autre part, bien que l'on connait le lieu il n'en demeure par moins énigmatique : la porte. Où est cette porte ? Que représente-t-elle? Enfin il y a cet énigmatique avertissement. Lorsque Jésus dit "lorsque vous verrez cela..." on ne sait pas du tout à quoi cela correspond. Est-ce la manifestation sensationnelle de la venue précédente avec l'extinction des luminaires? En tous cas, rien ne l'affirme ni ne laisse le supposer, à tel point que le lecteur reste dans l'expectative quant aux signes de cette mystérieuse venue. Ces énigmes demeurent un peu comme si ce passage était un ajout tardif par rapport à la précédente. Et si le Fils de l'homme venait à la porte de notre coeur pour une rencontre, un dialogue avec le Verbe éternel ?
Entre les deux cas il y a le figuier.
Arbre par excellence de la Terre Promise (Dt 8), il est également signe de nourriture céleste (Jg 9-11). Comme aucune de ses feuilles ne se ressemblent, il est considéré comme l'image de Torah et de l'abondance de sens et d'explications de ses versets (2 R 20,1-7). Comme étant le premier qui fleuri annonçant la fin de l'hiver, il est considéré comme un arbre messianique qui annonce la venue du Messie (Mc 13,28). Associé au second cas, nous pouvons alors comprendre que cette venue du Messie, non liée au temps mais uniquement à la volonté secrète du Père, se passe dans l'intimité d'une relation à la porte de notre cœur où l'on peut accueillir, par l'interprétation de l'Ecriture, le Verbe éternel comme nourriture.
Ainsi cet évangile laisse entrevoir mystérieusement deux venues du Fils de l'Homme. En attendant une venue finale, totale, en pleine gloire à la fin du temps pour tout récapituler en Lui (Ep 1,10 et Col 1,16), il y a une venue "intermédiaire", comme "intérieure" du Fils de l'Homme. Dans une relation intime avec le Père, par le don de l'Esprit qui ouvre le sens caché de l'Ecriture, un dialogue avec le Verbe éternel s'instaure dans le secret de notre cœur. Jamais la vie intérieure n'aura été élevée au rang d'Epiphanie, d'avènement du Fils de l'Homme.
L'amour de l'Ecriture est comme l'avant-goût de notre vie après la mort. C'est en méditant quotidiennement l'Ecriture que l'on se prépare déjà à accueillir le Fils de l'homme : bref à ressusciter !
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