« Souviens-toi que tu es poussière »… Mais qu’allons-nous devenir?
- bohleremmanuel
- 23 nov. 2020
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Cet article a été rédigé pour le journal hebdomadaire « L’Ami-Hebdo », édition du 14 mars 2014. Libre commentaire d’Evangile pour le 2ème Dimanche de Carême (A): 16 mars 2014 (Mt 17, 1-9).

Mais alors quelle est l’espérance chrétienne sur notre enveloppe corporelle ? Avec le mystère de sa Transfiguration, Jésus met en pleine lumière notre devenir.
L’expression, tirée du livre de la Genèse (Gn 3, 19) évoquant le souvenir de la Création d’Adam, est une des formules possible pour l’imposition des cendres. Elle nous rappelle la brièveté et la fragilité de notre vie, et malgré tout ce que l’homme a pu faire germer par son génie créateur dans les domaines de la science, derrière sa cuirasse technologique qu’il s’est fabriquée se croyant insubmersible, tôt ou tard il ne peut se mentir à lui-même et échapper à cette fragilité indomptable, celle de la vie humaine qui comme un cierge consumé, fini par s’éteindre.
Si le premier dimanche de carême, le récit des tentations de Jésus au désert place notre conversion dans une dimension humaine et tangible, le récit de la Transfiguration, nous projette dans une perspective qui va au-delà de la vie terrestre. Le carême n’est pas uniquement là pour modifier notre manière de vivre sur terre, mais il est aussi un temps favorable d’anticiper notre devenir, précisément une fois que nous serons redevenus de la poussière ; et de dompter une personnalité qui dans le non-dit, nous laisse toujours sans voix : la mort. Le dernier verset de l’Evangile, nous montre bien que le signe de la Transfiguration ne sera compris qu’au moment où Jésus reviendra lui-même du séjour des morts, et qu’il aura triomphé de la mort comme s’exclament les premières hymnes pascales de l’antiquité chrétienne.
La Transfiguration préfigure la résurrection, et en particulier la résurrection de la chair. Il annonce la vocation du corps. Ce dernier n’est-il fait que pour la vie terrestre, et condamné à l’inexorable destruction ? N’est-il qu’une simple enveloppe dont il faut se débarrasser ou négliger ? Jésus a assumé cette sentence inquiétante du Livre de la Genèse, mais il en a fait jaillir une espérance. Car en séjournant 3 jours dans le tombeau, Jésus expérimente cette réalité indomptable de la fragilité de la vie humaine, appelée à disparaitre. Mais en ressuscitant, il nous montre que cette disparition n’est pas définitive. Une Création Nouvelle aura lieu. Ainsi, si nous retournons tôt au tard en poussière ce n’est pas pour errer au gré de tous les vents de l’oubli, mais c’est pour être appelé à participer à cette Nouvelle Création dans le Christ.
Si le corps de Jésus a été transfiguré, alors nos corps sont appelés à la même réalité. Si le visage et les vêtements de Jésus sont devenus resplendissants, alors nos corps ne sont pas faits pour la ténèbre des entrailles de la terre, mais pour la Lumière dans les cieux. Au matin de Pâques, le corps meurtri du Seigneur au moment de sa mort, est transfiguré par le mystère de la Résurrection. Ainsi nos pauvres corps burinés par les aléas de l’existence, diminués par l’âge et la maladie, sont appelés à ce même mystère.
Lorsque Jésus invite ses disciples à se relever et à ne pas avoir peur, le récit semble attester une unité indissoluble entre son corps transfiguré et son corps terrestre, mais il y a aussi une différence radicale. Ce récit anticipe l’expérience des disciples face à la mort et à la résurrection de Jésus, et par conséquent il fonde le devenir de nos corps ! Tout ce qui a été, est appelé à être, mais à être dans la nouveauté ! C’est dans cette unité et cette différence radicale que rien de ce que nous avons été ne sera oublié, mais sera transfiguré par la Miséricorde et appelé à ressusciter dans le Christ!
Alors oui, « Souviens toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière « ! Mais crois aussi de tout ton cœur, qu’un jour cette poussière ancienne, le Père l’appellera et la modèlera de ses mains, pour qu’à l’image de son Fils, il y fasse jaillir la Création Nouvelle, par le souffle de son Esprit. Voilà l’œuvre de Dieu à l’heure de notre Pâques.
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